Le gouvernement fédéral tente de bloquer la remise de documents à une commission qui se penche sur le traitement des détenus afghans.

La Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire a demandé au gouvernement des milliers de pages de documents, notamment les rapports rédigés par un ancien diplomate concernant les allégations de torture dans les prisons afghanes.

Les rapports de Nicholas Gosselin ne faisaient pas partie des documents déjà remis à la commission. Leur existence a été connue lors du témoignage de M. Gosselin, la semaine dernière.

Le président par intérim de la commission, Glenn Stannard, a demandé à Alain Préfontaine, l'avocat du gouvernement, quand ces rapports seront finalement déposés.

«Les documents seront remis lorsqu'ils seront prêts» a répondu l'avocat.

M. Stannard a immédiatement pris Me Préfontaine à partie pour sa réplique. «Je trouve cette réponse presque offensante, pas seulement pour cette commission, mais aussi pour le public,» a-il répondu.

Me Préfontaine s'est excusé un peu plus tard, mais n'a pas pu dire qui, au sein du gouvernement, serait en mesure de fournir une réponse.

On ignore le nombre de rapports produits par M. Gosselin. Le chiffre avancé était d'abord de huit, puis de 21 et pourrait finalement s'élever à 44.

Cet échange avait un fort goût de déjà-vu. La semaine dernière, Me Préfontaine avait déjà tenu des propos semblables lors du témoignage du diplomate Richard Colvin.

Me Préfontaine avait plaidé qu'il n'est pas clair, dans la correspondance de M. Colvin qui a été fortement censurée par le gouvernement, que des détenus risquaient d'être torturés ou maltraités. Ce à quoi M. Colvin, qui ne peut citer des passages censurés, avait répondu que ses messages étaient sans équivoque.

L'avocat avait alors affirmé avoir lu les passages interdits et que ceux-ci ne contenaient pas d'informations essentielles.

«Permettez-moi une question idiote : dans ce cas, pourquoi ne pouvons-nous pas les lire?» avait lancé M. Stannard.

Mardi, la commission s'est aussi inquiétée de la façon dont le gouvernement décide des documents à rendre publics.

L'avocat de la commission, Ron Lunau, a expliqué qu'il est difficile de savoir quels documents existent quand le gouvernement décide «unilatéralement» de ce qui sera rendu public et de ce qui ne le sera pas.

«Nous n'avons aucune idée des documents révisés par le gouvernement,» a-t-il dit.

Me Préfontaine a répondu que le mandat de la commission est limité et que certains documents ne sont pas pertinents. Mais M. Stannard a donné raison à Me Lunau, en déplorant que Me Préfontaine soit le seul à avoir une vue d'ensemble de la situation.

«Si vous jouez une partie de cartes, vous êtes le seul à voir l'ensemble de votre main,» a-t-il ironisé.

Le député libéral Ujjal Dosanjh a quant à lui accusé le gouvernement Harper de faire obstruction à la commission.

«Le gouvernement a demandé à ses avocats d'entraver les audiences à chaque étape de la commission, a-t-il estimé. Et ceux-ci font ce que souhaite le gouvernement.»