La vulnérabilité accrue des écoles gouvernementales de l'Afghanistan face aux attaques de talibans rend plus populaire l'éducation informelle «extra-muros».

Selon un rapport publié cette semaine par l'organisation Care International, 1153 attaques ont été perpétrées contre des écoles afghanes entre 2006 et 2008, dont 670 l'année dernière. Et la plupart des attentats ont été commis contre des écoles recevant une aide financière étrangère ou du gouvernement national.

Pour un nombre grandissant de jeunes en Afghanistan, de telles écoles ad hoc deviennent rapidement une solution face à la menace terroriste.

«Ces écoles sont plus sécuritaires que celles du gouvernement, parce qu'elles se trouvent dans la même ville, les étudiants vivent déjà à proximité», a expliqué Tajla Ulfat, une femme de 17 ans qui enseigne dans l'une de ces écoles «extra-muros» de la ville de Kandahar.

«Ils (les étudiants) peuvent s'y rendre très facilement et retourner à la maison aisément.»

Plusieurs organisations non gouvernementales présentes en Afghanistan se sont mises à financer ce qu'elles appellent des programmes d'éducation assurés par la communauté. Contrairement aux écoles du gouvernement ou à celles construites par des équipes provinciales de reconstruction (ERP), ces programmes sont mis sur pied uniquement après une longue consultation dans la communauté.

Le rapport de CARE International souligne plus particulièrement que l'aide d'équipes provinciales de reconstruction accroît les risques d'attentats terroristes.

«Les ERP ne constituent pas un joueur indispensable dans l'éducation en Afghanistan», peut-on lire dans le document.

Les talibans, qui ont banni l'éducation pour les filles alors qu'ils étaient au pouvoir, durant les années 1990, ont démontré être peu disposés à s'en prendre à des écoles ayant l'appui de la communauté.

«Si la communauté est d'accord, s'ils acceptent l'école, alors personne n'a rien à redire», a expliqué Shahabuddin Ahmed, directeur du programme d'éducation de BRAC, une organisation non gouvernementale bangladaise financée par le Canada pour mettre sur pied des écoles communautaires à Kandahar.

Jusqu'à présent, BRAC a ouvert plus de 30 écoles à Kandahar. Les 3000 écoles présentes en Afghanistan de l'organisation ont permis de prodiguer de l'enseignement primaire à quelque 80 000 étudiants, dont 80 pour cent sont des filles.

Aucune des écoles de BRAC à Kandahar n'a été la cible d'une attaque, a assuré M. Ahmed. Seuls deux étudiants en route vers leur école ont été menacés.