Le premier ministre, Stephen Harper, a catégoriquement démenti hier que deux prisonniers talibans aient été relâchés en échange de la libération en fin de semaine de la journaliste canadienne de la CBC, Melissa Fung, enlevée par une bande armée le 12 octobre dernier dans un camp de réfugiés de Kaboul.

M. Harper a de plus assuré les journalistes qu'aucune rançon n'avait été versée pour la libération de Mme Fung. Le premier ministre réagissait ainsi à une information rapportée par l'organe d'information Pakistan Observer.«Il n'y a pas eu de libération ou d'échange de prisonniers politiques», a affirmé le chef du gouvernement lors d'une conférence de presse hier après-midi dans la capitale fédérale.

M. Harper a d'ailleurs insisté pour dire que toute l'opération avait été mise en place dans le respect des lois du gouvernement du Canada et de celles du gouvernement de l'Afghanistan.

«C'est tout ce que je vous dirai à cet égard», a ajouté le premier ministre.

Dimanche, lors d'une autre conférence de presse pour annoncer la libération de Melissa Fung, le chef du gouvernement a refusé de donner quelque détail que ce soit sur la façon dont la journaliste a été libérée de ses ravisseurs, invoquant des questions de sécurité nationale.

Le chef d'état-major des Forces armées canadiennes, le général Walter Natynczyk, a été tout aussi vague hier lors d'un discours devant l'Empire Club à Toronto.

Le général Natynczyk a vanté «la bonne coopération entre les autorités afghanes et le gouvernement du Canada» tout en ajoutant qu'il ne pouvait en dire davantage. Au ministère des Affaires étrangères, un porte-parole a souligné à La Presse que la libération de Mme Fung avait été orchestrée à la fois par le travail concerté de la police, des services de renseignement afghans et du Conseil tribal des anciens.

Selon la chaîne de télévision CTV, des arrestations ont été faites à la suite de l'enquête policière afghane. Trois individus auraient été par la suite relâchés. Au ministère des Affaires étrangères à Ottawa, on ignore tout de ces informations.

Par ailleurs, selon un reportage publié hier dans le quotidien The Globe and Mail, des combattants talibans de la province de Wardak, où a été détenue Melissa Fung, ont affirmé avoir tenté de ravir la journaliste à ses premiers ravisseurs. Selon des sources talibanes, Mme Fung aurait au moins changé de mains à deux reprises et au moins un taliban aurait perdu la vie au cours d'échauffourées entre des groupes rivaux.

Le Globe précise cependant qu'il n'a pu vérifier la véracité de ces informations.

Melissa Fung, 35 ans, a été détenue dans une chambre souterraine pendant 28 jours, la plupart du temps ligotée. Samedi dernier, un journaliste connu de la CBC a reçu un coup de fil menaçant: «Nous avons la fille, affirmait une voix. Dites-leur que nous voulons l'argent aujourd'hui ou nous la tuerons!»

La voix a alors fait allusion à certains prisonniers aux mains des autorités afghanes en ajoutant que si ces gens étaient maltraités leur otage serait exécuté.

Toujours selon la CBC, ce message a été relayé aux autorités à Kaboul.

Avec CTV et CBC