Le directeur de l'Unité anticollusion (UAC), Jacques Duchesneau, rencontrera jeudi les représentants du Directeur général des élections (DGE), qui souhaitent en savoir plus au sujet d'un présumé système de financement politique occulte dans la construction.

Des membres de la direction du financement et de la direction des affaires juridiques doivent interroger M. Duchesneau, dont l'unité qu'il dirige a produit un rapport explosif.

«C'est les deux directions qui vont être représentées à la rencontre avec M. Duchesneau», a déclaré Denis Dion, le porte-parole du DGE, lors d'une entrevue à La Presse Canadienne.

Les représentants du DGE sont à la recherche d'informations plus précises, a dit M. Dion, en rappelant qu'aucun nom n'était mentionné dans la section du document qui évoque de possibles malversations en matière de financement politique.

«Son rapport a une page et demie, sur le financement politique, sans nom ni rien, a-t-il dit. Il n'y a pas d'éléments qui nous permettent de commencer, par exemple, une enquête ou une vérification de quoi que ce soit. Ce sont des généralités, des généralités troublantes diront certains.»

M. Dion n'a pas été en mesure de dire où la rencontre se déroulera, mais ce ne sera pas dans les locaux du DGE.

Le rapport de l'UAC, qui a fait l'objet d'une fuite dans les médias, décrit les moyens utilisés par le crime organisé, des firmes de génie-conseil et des entrepreneurs en construction pour s'assurer la mainmise sur les contrats du ministère des Transports du Québec (MTQ).

En plus de s'entendre entre eux pour contourner les processus d'appels d'offres, ces acteurs du monde de la construction disposeraient aussi de stratagèmes de surfacturation pour contribuer illégalement aux caisses des partis politiques, indique le document.

Le rapport cite le témoignage d'un ex-conseiller politique, recueilli par les enquêteurs de l'UAC. Cette personne, qui n'est pas identifiée, affirme que des entrepreneurs en construction et des firmes de génie-conseil contournent les règles en finançant des partis politiques.

Le document rapporte aussi les propos d'un ingénieur, lui aussi non identifié, qui a exposé un stratagème de surfacturation dont une partie des bénéfices sert à des contributions politiques.

La loi interdit aux entreprises de contribuer aux partis politiques.

L'an dernier, trois entreprises liées à la société de génie-conseil Axor ont reconnu avoir utilisé des prête-noms pour verser plus de 150 000 $ au Parti libéral du Québec, au Parti québécois et à l'Action démocratique.

M. Duchesneau doit aussi venir s'expliquer la semaine prochaine devant une commission parlementaire de l'Assemblée nationale.