La rupture des négociations entre Québec et les étudiants fait craindre le pire pour le retour en classe prévu à la mi-août dans les cégeps et les universités.

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«S'il n'y a pas une reprise des négociations, le mouvement étudiant ne va pas baisser les bras. Il pourrait même y avoir une radicalisation des positions, ce qui n'est pas souhaitable. La reprise des cours serait également perturbée», affirme le président de la Fédération québécoise des professeurs d'université (FQPPU), Max Roy, qui presse le gouvernement de trouver une solution. L'inquiétude se fait également sentir du côté de la Fédération nationale des enseignants du Québec (FNEEQ), qui représente 85% des professeurs de cégep.

Le gouvernement prend un pari risqué en pensant que les prochaines semaines vont amener une accalmie, croit la nouvelle présidente de la FNEEQ, Caroline Senneville. «Je milite depuis 20 ans. Je n'ai jamais vu une atmosphère sociale fébrile comme celle qu'on vit.»

Les professeurs appréhendent la reprise des cours, surtout dans la perspective de la loi d'exception. «Les professeurs n'ont pas le goût d'être au coeur de situations potentiellement explosives», souligne Mme Senneville.

Ni la Fédération des cégeps ni la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) n'ont voulu faire de commentaires hier.

De leur côté, les présidents des centrales syndicales ont dénoncé l'attitude du gouvernement qui ne souhaite pas réellement parvenir à une entente, disent-ils.

Le premier ministre Jean Charest met la table pour un déclenchement des élections en août, lorsqu'il sera clair qu'il est impossible de reprendre les cours dans les cégeps en raison des perturbations, dénonce le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Louis Roy. «C'est écrit dans le ciel, dit-il. C'est malheureux que ce soit la population du Québec et surtout les étudiants qui soient manipulés de la sorte pour des fins électorales et idéologiques.»

Le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Réjean Parent, a pour sa part l'impression de voir le même film rejouer sous ses yeux. Avec le président de la CSN, il a pris part aux négociations intensives qui ont mené à l'entente du 5 mai - caduque aujourd'hui - entre Québec et les étudiants.

«Ça me laisse un goût amer», lance M. Parent en affirmant que le gouvernement fait montre d'un comportement revanchard et erratique. Pour régler la crise, «il faudra que ça pourrisse une nouvelle fois pour provoquer une volonté de se reparler. Chaque fois, on recommence plus creux», dit-il.