Malgré 500 arrestations à Montréal et près de 200 à Québec, le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, n'en démord pas: la police a bien fait son travail pour endiguer les manifestations illégales de mercredi soir.

«On n'aime jamais voir des manifestations avec de la violence, du tintamarre, je ne suis pas content de voir ces images, qu'on voit dans d'autres pays» a dit M. Dutil à la sortie de la réunion des députés libéraux.

La police «vit des événements, toutes sortes de règlements peuvent s'appliquer, pas juste les lois. Cela va du méfait public à altercation avec la police, ils appliquent les règlements et la loi», a-t-il dit. Il n'est pas question, selon lui, «d'étouffer» les manifestations: «Elles sont permises, la loi 78 permet les manifestations pacifiques sans aucun problème.»

Il refuse de commenter le nombre sans précédent d'arrestations. Pas question non plus que le gouvernement demande lui-même à la Cour supérieure d'examiner la conformité de sa loi spéciale à la Charte des droits, comme le suggère ce matin Me Jean Claude Hébert dans La Presse.

Il n'est pas davantage ébranlé par un reportage qui démontre que les exemples d'encadrement des manifestations à l'étranger qu'il avait donnés en point de presse mardi sont tous erronés. Il avait soutenu qu'à New York, à Paris et à Londres, notamment, les manifestations doivent être annoncées aux autorités plusieurs jours à l'avance. «En tout cas, c'est plus que huit heures [comme le prévoit la loi 78]», a-t-il laissé tomber.

À l'Assemblée nationale, le ministre Dutil a haussé le ton: «Est-ce que c'est la loi de la rue qui doit dominer ou le Parlement? C'est cela, la véritable question. Du côté de l'opposition, on souhaite qu'il y ait de plus en plus de pressions de la rue. Dans notre système, ce sont les lois qui décident. Autrement, c'est le chaos!»

«Le gouvernement libéral incarne le chaos. Ça va arrêter où? À 5000 à 10 000 [arrestations]? Voulez-vous laisser ça, comme héritage politique? Dans quelques années, vous direz "j'ai été membre de ce gouvernement"?, a répliqué le péquiste Bertrand St-Arnaud.