Les étudiants et cégépiens qui se prononcent actuellement sur l'avenir de leur trimestre devraient tout au moins le faire par vote secret, demande le premier ministre Charest au 79e jour du conflit.

À l'Assemblée nationale, aujourd'hui, il a relevé que les scrutins tenus sur les campus ne reflétaient pas la gravité de la situation des étudiants.

«J'ai vu des reportages hier où des étudiants - ça les regarde, c'est leurs affaires internes - votaient sur l'avenir de leur année. Ils faisaient ça à main levée», observe-t-il. Il a demandé, sans succès, à Mme Marois de réclamer elle aussi publiquement des votes secrets.

«Est-ce qu'elle n'est pas d'accord que ça devrait se faire, au moins là où ça se fait, en tout cas, de manière secrète?» a-t-il demandé.

«Tout le monde est d'accord que les étudiants qui boycottent leurs cours à l'heure actuelle devraient retourner en cours», a-t-il soutenu.

Mais la chef péquiste estime que, à la veille du 80e jour de grève, cela n'a aucun sens. «L'obsession du gouvernement pour une hausse drastique des frais de scolarité l'empêche de trouver une solution viable à l'impasse dans laquelle nous nous trouvons. Malgré les propositions du gouvernement, le coeur du litige demeure entier, à savoir l'ampleur de la hausse des droits de scolarité.» Elle a rappelé que, en dépit du discours du gouvernement, les droits de scolarité n'étaient pas gelés et avaient augmenté depuis cinq ans.

«De nombreuses personnalités publiques ont proposé des solutions pour sortir de l'impasse, a-t-elle ajouté. L'ancien ministre libéral Claude Castonguay a proposé que le gouvernement suspende la hausse, le temps que les associations et le gouvernement discutent. Tout cela, évidemment avec l'aide d'un médiateur. La juge Louise Otis lui a emboîté le pas. Elle a affirmé elle aussi qu'un médiateur devait être nommé rapidement».

Mais M. Charest estime que Mme Marois a vite enfoui sous le boisseau la lettre dans laquelle les «lucides», Lucien Bouchard en tête, demandent le retour en classe des étudiants.

Il a rappelé que Mme Marois portait depuis le début du conflit le carré rouge des groupes les plus radicaux des grévistes. «Le carré rouge veut dire "priorité à l'éducation", veut dire "équité et justice sociale"», a-t-elle riposté.

Quant au ministre des Finances, Raymond Bachand, il croit que «c'est une illusion de penser qu'on peut discuter des droits de scolarité alors que les étudiants n'ont qu'un seul mandat : le gel des droits de scolarité. Il y a aura des élections au Québec d'ici un an... à ce moment, les Québécois auront le choix entre deux partis qui veulent financer les universités, et un autre qui veut la gratuité scolaire», a-t-il relevé. Plus tôt, son allusion à un scrutin pour mettre fin au conflit avait à nouveau allumé des rumeurs de campagne électorale.