La commission Charbonneau reprend ce matin, après une pause estivale, avec le témoignage très attendu de l'entrepreneur en construction Tony Accurso. Le public pourra-t-il suivre ses révélations en direct? La question est toujours en suspens, puisque les audiences débuteront ce matin avec un débat sur une requête d'interdit de publication.

Les médias, dont La Presse, contestent cette requête et feront valoir leurs arguments devant la juge France Charbonneau, qui doit trancher la question. Si l'interdit de publication est accordé, les journalistes pourront suivre les travaux, mais ne pourront pas en publier la teneur. Ils pourront seulement le faire si l'ordonnance est ultérieurement levée par la juge.

L'autre question en suspens: Accurso, qui s'est rendu jusqu'en Cour suprême à deux reprises pour éviter de témoigner, collaborera-t-il avec la Commission?

Accurso craint que son interrogatoire serve à alimenter les procès criminels ou les enquêtes en cours contre lui. La Commission s'est d'ailleurs engagée à ne pas poser de questions sur ses activités dans la région de Mascouche et de Laval, car il fait l'objet d'accusations dans des dossiers liés à l'attribution de contrats dans ces deux municipalités.

Accurso sera interrogé par la procureure en chef, Me Sonia Lebel. La Commission a prévu trois ou quatre jours d'interrogatoires. Suivront les contre-interrogatoires, dont la durée n'a pas encore été déterminée.

La suite

La Commission se penchera sur un bref volet entourant Hydro-Québec. Trois ou quatre témoins «de faits» seront entendus. La teneur exacte de ce volet n'a pas encore été expliquée.

La Commission entrera ensuite dans son dernier volet, celui des témoins experts. Des représentants d'organismes dits de «surveillance», comme le Directeur général des élections du Québec, la Sûreté du Québec ou l'Unité permanente anticorruption, viendront exposer leurs recommandations pour régler les problèmes de corruption et de collusion dans l'attribution des contrats publics. Différents experts viendront ensuite faire le même exercice.

Les audiences pourraient durer jusqu'au mois de novembre. Le rapport final de la Commission doit être rendu en avril 2015.

Photothèque La Presse

L'homme d'affaires Tony Accurso

Ce qu'ils ont dit à la CEIC

Michel Arsenault, ancien président de la FTQ

«On a tellement mis ça gros, l'histoire à Tony Accurso, là, ça me rend malade. Ça me rend malade. C'est 1,6% de nos investissements. Ça fait des mois qu'on est là-dessus, pas des mois, des années qu'on est là-dessus, parce qu'il avait un bateau puis il faisait du maillage d'affaire avec son bateau! Comme si on n'avait pas d'autre chose au Québec à faire que se concentrer sur le bateau à Tony Accurso.»

Jean Lavallée, ancien président de la FTQ-Construction

«Ça fait 32 ans que je connais Tony Accurso. C'est un ami personnel. Qui pensait que c'était péché d'aller sur un bateau v'là 25 ans, puis v'là 20 ans? Les temps ont changé. Depuis que c'est arrivé, tout ce qui se passe là, je suis pas retourné sur le bateau... Avoir des billets pour aller au Centre Molson ou au Forum, il y en a bien du monde, il y en a probablement dans la salle qui en ont pris, puis ils ne se prenaient pas pour quelqu'un qui acceptait des pots-de-vin.»

Lino Zambito, entrepreneur

«J'ai été convoqué à une réunion au restaurant l'Onyx, un restaurant qui appartenait à M. Accurso. Il y avait moi, il y avait M. Accurso et il y avait M. Vito Rizzuto. Ç'a duré, je pense, une heure, une heure et demie. M. Accurso a fait ses représentations et j'ai fait mes représentations. Puis il n'y avait pas d'issue, là. Lui il le voulait [le contrat du rond-point l'Acadie], moi je le voulais... Rizzuto... il était là vraiment comme médiateur.»