Il a beau être accusé d'être derrière «la plus grande fraude de corruption de l'histoire du Canada» et avoir vu ses transactions financières exposées dans le menu détail à la commission Charbonneau, l'ex-patron du CUSM, Arthur Porter, n'en démord pas: du fond de sa cellule panaméenne, il continue de clamer son innocence.

Dans un entretien avec son biographe Jeff Todd, publié sur le web lundi, il réagit vivement aux accusations pourtant très documentées à son endroit. Il affirme que les propos tenus à son endroit à la Commission sont diffamatoires. «Il n'y a pas eu de processus légal, pas de procès, pas de jugement, mais peut-être que ces étapes sont maintenant considérées comme une formalité? Je n'ai pas été impliqué dans la moindre fraude», dit-il.

La semaine dernière, l'enquêteur de la commission Charbonneau André Noël a raconté en détail comment Arthur Porter et son bras droit Yanaï Elbaz ont manoeuvré pour favoriser SNC-Lavalin dans le contrat de construction du CUSM en partenariat public-privé. Plusieurs témoins sont venus corroborer des portions de son témoignage.

Le policier chargé de l'enquête criminelle sur Porter a ensuite exposé «la route de l'argent», passé des mains du corrupteur, SNC-Lavalin, à celles des corrompus, Arthur Porter et les frères Yanaï et Yoann Elbaz. Les corrompus se seraient partagé 22,5 millions en pots-de-vin selon la preuve présentée par la police.

Arthur Porter, qui a évité d'apparaître devant un tribunal canadien en contestant la demande d'extradition des autorités canadiennes à son endroit, demande aux gens d'attendre la fin de son éventuel procès avant de le juger. Il refuse de commenter les accusations dont il est l'objet. Or, s'il gagne sa bataille dans le dossier d'extradition, son procès n'aura jamais lieu.

«Ces audiences de la Commission se moquent du futur processus judiciaire. Un seul côté de la preuve est présenté, des affirmations accablantes sont faites et aucun effort n'est fait pour tester la validité de la soi-disant preuve», prétend-il.

Arthur Porter avait fourni à La Presse en 2013 des documents qui faisaient état de l'intérêt de SNC-Lavalin pour un contrat d'achat de véhicules blindés pour l'armée canadienne. Il prétend avoir agi comme consultant pour la firme de génie pour d'autres projets que le CUSM, ce qui pourrait expliquer qu'elle lui ait versé des millions.

Quant aux récentes révélations sur ses allocations de dépenses et le fait qu'il se faisait payer une Bentley par le CUSM, M. Porter affirme que toutes ces dépenses ont été approuvées en bonne et due forme et qu'elles sont normales pour un dirigeant d'une institution aussi importante.