La commission Charbonneau menace de cesser ses audiences si jamais la Cour supérieure lui interdisait le droit de se servir des écoutes électroniques visant les hauts dirigeants de la FTQ.

Me Simon Tremblay, procureur de la commission Charbonneau, a fait cette déclaration d'intention au nom de la présidente France Charbonneau au Palais de Justice de Montréal, vendredi matin devant la Cour supérieure.

La juge Geneviève Marcotte entend toute la journée la requête du Fonds de solidarité de la FTQ Michel Arsenault, président du syndicat, et Guy Gionet, ancien président du Fonds immobilier qui vise à interdire la diffusion de ces écoutes.

Dans un premier temps, l'avocat du Fonds, Me Jean-Claude Hébert espère obtenir une interdiction temporaire, le temps que la cour se penche sur le fond du problème.

MM Arsenault et Gionet avaient été mis sous écoute dans le cadre de l'opération Diligence sur l'infiltration du crime organisé dans l'industrie de la construction.

Me Hébert considère que la commission Charbonneau n'a pas le droit d'utiliser les enregistrements et affirme que ses clients subiraient un grave préjudice.

Quant à la menace de cessation des audiences, Me Hébert a jugé l'affirmation plutôt exagérée. «C'est un peu extrême comme proposition», a-t-il indiqué, soulignant au passage le ton dramatique Me Tremblay.

Au cours de sa plaidoirie, Me Hébert a souligné que les enquêteurs de la Commission avaient les enregistrements en leur possession depuis décembre 2011 et que leur contenu a probablement servi à orienter leurs travaux.

L'avocat s'est interrogé de la nécessité de diffuser ses écoutes à la télévision. Il a rappelé que l'objectif de la Commission d'enquête est avant tout de rédiger un rapport et non de faire de «l'amusement».

Me Hébert a décoché une flèche à l'attention de la Commission en rappelant une méprise survenue le 17 juin dernier lorsque les procureurs avaient diffusé un enregistrement d'un certain Gilles Gauthier alors que le témoin à la barre était Jean Gauthier.

«Si le passé est garant de l'avenir, vous nous montrez que vous ne méritez pas notre confiance», a dit Me Hébert en regardant Me Tremblay.

Me Tremblay a semblé passablement insulté par les propos. Bouche ouverte, regard ébahi, il a relevé les épaules avant de sourire d'incrédulité.

Il devait avoir l'occasion de répliquer à cette attaque en règle au cours de sa plaidoirie en après-midi.