Accusé d'avoir touché 300 000$ dans le cadre d'un contrat de la Ville de Montréal, l'ex-directeur général Robert Abdallah nie «fermement» les révélations de Lino Zambito devant la commission Charbonneau.

«Tout ce que je peux vous dire, c'est que c'est complètement faux, a-t-il déclaré lors d'une brève entrevue avec La Presse. Je ne comprends pas que la Commission permette à quelqu'un de dire: "J'ai rencontré quelqu'un qui m'a dit que l'autre lui a dit que..."»

Il qualifie les déclarations de M. Zambito de «ouï-dire» et assure ne pas connaître les acteurs du milieu décrit par l'ex-propriétaire d'Infrabec.

«Je ne le connais même pas. Je n'ai jamais connu ces gens-là. Je le nie fermement. Trouvez un mot plus fort que "fermement", parce qu'il n'est pas assez fort.»

Il s'insurge en outre contre l'accusation selon laquelle il aurait obligé l'entrepreneur à recourir aux services d'une firme en particulier, Tremca, de Saint-Jean-sur-Richelieu. «C'est moi qui ai commencé à implanter un système pour contrôler ça. Arrêtez-moi ça! Pour le moment, je ne peux vous dire plus que ça.»

Recours judiciaire

M. Abdallah consulte actuellement ses avocats en vue d'un recours judiciaire. Il pourrait témoigner devant la commission Charbonneau ou convoquer une conférence de presse pour se défendre.

Nommé directeur général de la Ville de Montréal en 2003 en remplacement de Guy Coulombe, il a eu le mandat de définir les pouvoirs dévolus aux arrondissements. Il a notamment fait sa marque en appliquant une politique de tolérance zéro en matière d'indiscipline chez les cols bleus.

M. Abdallah a démissionné en mai 2006. Il a travaillé de 2008 à 2011 pour une filiale de l'entreprise de construction Simard-Beaudry, la société Gastier, propriété de Tony Accurso. En 2011, des enregistrements de conversations téléphoniques avaient révélé que cet entrepreneur ainsi que son collègue Bernard Poulin et le bras droit de Stephen Harper, Dimitri Soudas, avaient fait pression pour que Robert Abdallah soit nommé à la tête du Port de Montréal.

Zampino se défend

Le témoignage de Lino Zambito a également éclaboussé l'ex-président du comité exécutif, Frank Zampino. En poste de 2002 à 2008, il serait intervenu en 2005 pour qu'un contrat d'une valeur de 16 millions soit confié à Simard-Beaudry. Interrogé par Radio-Canada, M. Zampino a tout nié. «M. Zambito dit beaucoup de choses depuis une semaine. Je n'ai passé aucune commande politique. Ce n'est pas comme ça que les octrois de contrats fonctionnent à la Ville de Montréal.»

Frank Zampino a été arrêté en mai dernier par l'escouade Marteau et fait face à des accusations de complot, de fraude et d'abus de confiance.