La commission Bastarache sur le processus de nomination des juges «était conçue par M. Charest, pour M. Charest et qui, par conséquent, met de l'avant la vérité de M. Charest» soutient la chef péquiste Pauline Marois. Pour elle, toute cette opération était «une manoeuvre de diversion» pour réduire la pression publique en faveur d'une enquête sur l'ensemble de l'industrie de la construction.



En point de presse jeudi matin, Mme Marois n'a pas voulu attaquer la crédibilité du commissaire Michel Bastarache. L'ancien juge de la Cour suprême avait eu un mandat très restreint qui l'empêchait de se prononcer sur l'ensemble des témoignages entendus.

Pour Mme Marois, les Québécois ont vu une autre commission que ce qu'en retient le rapport rendu public mercredi. «Les Québécois ont vu défiler des collecteurs de fonds du parti libéral, régulièrement au bureau du premier ministre pour influencer des nominations, de collecteurs de fonds qui admet avoir eu un coup de téléphone d'un juge en fonction» rappelle-t-elle.

Il n'y a pas eu de «pressions colossales», «mais une influence existe, faut-il pour cela qu'on casse des bras ? Si (Charles) Rondeau passe une journée entière au bureau du premier ministre à regarder les curriculums avec Chantal Landry, ne peut-on pas dire qu'il y a eu influence ?» lance-t-elle. L'argentier libéral, a constaté la commission, se rendait chaque semaine au cabinet du premier ministre pour discuter de nominations dans les premiers mois du gouvernement Charest en 2003. Il ne s'agissait pas toutefois de nominations de juges a-t-il soutenu dans son témoignage.

Mme Marois affirme qu'il est clair que le premier ministre Charest «a modifié et perverti le processus de nomination des juges», un système pourtant respecté par le PQ ainsi que par les gouvernements de Robert Bourassa et Daniel Johnson.

Comme Michel Bastarache, Mme Marois reconnaît que les juges choisis sont compétents. Il conclut qu'il n'y a pas eu d'influence indue, mais n'en fait pas moins 46 recommandations pour modifier le processus de sélection et de nomination des magistrats.

Critique de l'opposition dans le secteur de la Justice, Véronique Hivon observe que ce rapport est une pièce importante pour la poursuite logée par Jean Charest à l'endroit de Marc Bellemare. Elle relève aussi que le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier est intervenu carrément dans la poursuite en déclarant mercredi que les allégations de Marc Bellemare étaient «non fondées». Cette ingérence est inacceptable pour un ministre de la Justice, soutient-elle.