Sitôt en place, le gouvernement Couillard dit vouloir rebâtir les ponts avec les immigrants, supposément traumatisés par le projet de charte de la laïcité de l'État du gouvernement précédent.

De nombreux immigrants, particulièrement les femmes de la communauté maghrébine, sont sortis «blessés» du débat animé des derniers mois autour du port de signes religieux, dont le voile islamique, selon la nouvelle ministre de l'Immigration, Kathleen Weil, qui sent le besoin de les rassurer.

Lors d'un point de presse, jeudi matin, en marge du premier caucus depuis la prestation de serment des libéraux, elle a dit juger que le gouvernement, dans une démarche d'inclusion, devra déployer des «gestes concrets» pour se rapprocher de ces communautés qui auraient été victimes «d'intimidation» en raison de la charte péquiste.

«Il y a des blessures», selon elle.

Le titre de Mme Weil, qui exerçait la même fonction dans le gouvernement Charest, a été modifié pour devenir «ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion».

Elle dit souhaiter que la société québécoise «s'ouvre» davantage aux nouveaux arrivants. «L'inclusion, ça va au-delà» de l'intégration, qu'elle décrit comme une «dimension nouvelle».

«Il faut revisiter toutes ces questions», selon Mme Weil, qui juge le moment venu de «rebâtir des ponts», loin du message «d'exclusion» prôné par le gouvernement précédent.

La nouvelle ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, a renchéri pour dire que l'image du Québec à l'étranger avait souffert de la décision du gouvernement péquiste d'interdire aux employés de l'État de porter des signes religieux ostentatoires. Elle aussi va s'atteler à la tâche de corriger le tir.

«Je vais travailler très, très fort pour rétablir la réputation du Québec à ce propos, parce que l'image du Québec a été ternie», a commenté Mme St-Pierre, en réponse à une question en anglais. Sur la scène internationale, elle renouvellera sa profession de foi envers les libertés individuelles et s'y fera la championne d'un Québec «ouvert sur le monde et inclusif».

Quant à elle, la nouvelle ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a indiqué que le gouvernement maintenait toujours le projet de rendre publics les avis juridiques commandés par le gouvernement précédent relativement à la constitutionnalité du projet de charte de la laïcité de l'État. Elle a dit qu'elle n'avait pas encore pu en prendre connaissance.

«On s'est engagé à les rendre publics. On va les rendre publics, si les avis publics sont là évidemment», a dit la ministre. Normalement, les gouvernements ne divulguent pas le contenu de tels avis, mais quand ils étaient dans l'opposition les libéraux avaient insisté pour que le gouvernement fasse preuve de transparence.

Maintenant que le projet de charte péquiste est mort, Mme Vallée va préparer dans les prochains mois un projet de loi visant à encadrer les demandes d'accommodement religieux.