Le tireur qui a fait irruption dans l'édifice du Centre a été atteint par plus d'une dizaine de balles tirées par les gardes de sécurité du Parlement avant d'être définitivement neutralisé par le sergent d'armes Kevin Vickers, selon plusieurs sources.

Ces sources ont confirmé à La Presse Canadienne, vendredi, que Michael Zehaf Bibeau a été atteint mortellement par M. Vickers, tout près de la porte de la bibliothèque du Parlement, après avoir poursuivi son chemin sur plusieurs mètres dans le hall d'honneur malgré les balles qu'il avait encaissées.

Selon une source gouvernementale bien au courant de la séquence des événements, il faut «remercier le ciel» que les gardes de sécurité aient réagi avec autant de célérité et d'efficacité.

Le tireur avait auparavant réussi à déjouer les agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), chargés d'assurer la sécurité à l'extérieur des édifices de la Cité parlementaire.

Il est entré par la porte principale, les agents de la GRC aux trousses. Ce sont les gardes de sécurité du Parlement qui ont d'abord tenté de lui arracher son fusil avant de faire feu sur lui, selon une source au sein des services de sécurité.

La grande majorité des gardes de sécurité à l'intérieur des édifices du Parlement ne portent pas d'arme. Ils en réclament depuis de nombreuses années.

Bon nombre d'entre eux ont affirmé de façon anonyme que les tristes événements de mercredi risquent de changer la donne.

Armé d'un vieux modèle

Le fait que Michael Zehaf Bibeau ait utilisé à Ottawa un vieux modèle de carabine à levier, qui prend du temps à recharger, signifie que son funeste projet avait été bien mal planifié, ou qu'il s'agissait d'un attentat-suicide, estiment des experts en armes à feu.

Ou encore que Zehaf Bibeau a tout simplement subtilisé une vieille arme qui était accrochée sur un mur, quelque part.

La Gendarmerie royale du Canada a indiqué jeudi que l'origine de ce fusil de chasse .30-30 Winchester constitue le point central de son enquête sur l'assassinat du caporal Nathan Cirillo, qui montait la garde mercredi matin devant le Monument commémoratif de guerre du Canada, à Ottawa.

Les policiers ont par ailleurs rappelé que Zehaf Bibeau ne pouvait posséder d'armes après des condamnations pour des crimes liés, notamment, aux stupéfiants.

Des experts en armes à feu estiment que le modèle de fusil utilisé à Ottawa, qu'on a vu souvent dans des westerns hollywoodiens à la John Wayne, est plus indiqué pour chasser le coyote que pour survivre à une confrontation avec la police.

Curtis Rutt, ancien entraîneur de tir pour la police, explique qu'il est bien difficile de manier efficacement une carabine de calibre .30 en situation de stress, puisqu'on doit rabaisser le levier après chaque coup, qu'on ne peut charger que sept cartouches à la fois, et qu'on doit recharger ensuite le fusil une cartouche après l'autre.

L'ex-sergent Rutt a d'ailleurs été surpris d'apprendre plus tard que l'arme utilisée par Zehaf Bibeau était une carabine Winchester, peu appropriée pour une fusillade, a-t-il dit.