À plus de 500 kilomètres du cénotaphe à Ottawa, où Nathan Cirillo est mort mercredi, une petite pancarte a été déposée sur la chaise d'un balcon: «Mon père est un héros.»

Le petit Marcus, 5 ans, peinait à comprendre que son père ne reviendrait jamais, a expliqué à La Presse Bob Bratina, le maire de Hamilton, où la famille Cirillo habite.

M. Bratina a rencontré la famille mercredi, peu avant que la mère du soldat ne s'envole pour Ottawa afin de récupérer le corps de son fils. «La famille était anéantie, a expliqué M. Bratina. Ils m'ont parlé de Nathan, qu'il était dans les cadets depuis qu'il avait 13 ans, qu'il avait rejoint la réserve des Highlands d'Argyll lorsqu'il est devenu adulte... mais il y avait aussi beaucoup de silences, où la famille pleurait», a-t-il expliqué.

Puis, un petit garçon blond aux yeux bleus est apparu dans la pièce et a demandé à sa tante pourquoi elle pleurait. «Il souriait... il ne réalisait pas... c'était bouleversant», a soupiré M. Bratina.

La mère de Nathan s'est ensuite rendue à Ottawa, où elle a été consolée par le meilleur ami de son fils, Brendan Stevenson, qui montait la garde avec lui au cénotaphe d'Ottawa mercredi matin.

Plus de 24 heures après le drame, la mère de Brendan Stevenson n'avait eu que très peu de nouvelles de son fils. «On sait qu'il n'est pas blessé et qu'il reviendra uniquement à la maison lorsqu'il pourra ramener le corps de Nathan», a expliqué Theresa Stevenson.

La famille Stevenson a vécu des moments particulièrement pénibles mercredi alors que la nouvelle d'un soldat abattu au cénotaphe d'Ottawa se répandait. «Je savais que Brendan s'y trouvait et je n'avais pas de nouvelles. Je criais, lequel est mort? Lequel est mort?»

Theresa et son fils Adam étaient visiblement mal à l'aise de parler de Brendan, hier. «C'est très difficile pour nous. Il serait inapproprié de dire que nous sommes soulagés que Brendan soit en vie alors que la mère de Nathan a perdu un fils et qu'un petit garçon a perdu son père», a expliqué la femme.

«Je ne veux pas leur voler ce moment, c'est de Nathan qu'il faut parler», a-t-elle ajouté.

Famille toujours sous le choc

Les portes de la maison familiale des Cirillo sont restées fermées toute la journée, hier. Les proches et cousins ont refusé de commenter.

Plusieurs personnes sont venues déposer des bouquets contre la clôture du terrain. Les deux chiens que Nathan aimait tant et dont il publiait de nombreuses photos sur Facebook couraient dans la cour, insouciants. Les photos des deux bêtes aux côtés des bouquets de fleurs ont rapidement ému les réseaux sociaux.

D'autres voisins, qui ne connaissaient pas les Cirillo, ont été ébranlés de réaliser que l'écho de l'attentat d'Ottawa résonnait si près de leur maison.

Hier soir, la mère de Nathan n'était pas encore retournée au domicile familial. Devant la garnison du régiment de Highlanders d'Argyll et de Sutherland, au centre-ville d'Hamilton, le mémorial de fleurs a continué de grossir. Un drapeau canadien s'est ajouté, sur lequel plusieurs personnes ont inscrit des mots de remerciement et d'encouragement.

«Nathan était très héroïque et ne parlait jamais du danger lié à son métier», a affirmé Laura Ferguson, une amie de la victime qui est venue déposer une gerbe avec son fils.

Des personnalités politiques sont également venues rendre hommage au soldat, notamment la première ministre de l'Ontario Kathleen Wynne et l'ambassadeur américain Bruce A. Heyman.

Les soldats se sont refusés à tout commentaire. La veille, le lieutenant-colonel Lawrence Hatfield, du régiment, avait présenté ses condoléances à la famille. L'épreuve est particulièrement difficile pour le régiment, qui avait envoyé 68 de ses soldats en Afghanistan. «Ils sont tous revenus en vie. Et ironiquement, le seul soldat qu'on perd est un jeune homme qui n'était pas armé et a été lâchement abattu», a affirmé le maire Bratina.

PHOTO PETER POWER, LA PRESSE CANADIENNE

Les photos des chiens de Nathan Cirillo aux côtés des bouquets de fleurs déposés contre la clôture du terrain ont ému les réseaux sociaux.