Des mosquées de Montréal et d'Ottawa assurent ouvrir l'oeil pour détecter les dérives extrémistes qui pourraient se manifester entre leurs murs.

Des imams ont indiqué à La Presse qu'ils n'hésiteraient pas à sonner l'alarme si un de leurs fidèles adoptait un discours haineux ou radical.

«S'il y en a, on ne tardera pas à appeler la police», a indiqué Youssouf Fofana, l'imam de la mosquée Tawuba, rue Ontario Est, à Montréal. Le leader religieux a indiqué avoir reçu des instructions claires en ce sens de la part du Conseil des imams. On demandait aussi aux imams de parler de l'enjeu de la violence avec leurs fidèles afin de la condamner clairement.

«Ce pays, c'est pour nous tous, a indiqué M. Fofana. Nous devons tout faire pour préserver la paix ici. Nos enfants vont dans les écoles ici, on prend le métro, on est tous ici. On ne permettra pas qu'il y ait de la violence.»

Même discours de l'autre côté de la rivière des Outaouais.

Sikander Hashmi, imam dans la capitale, a déposé une gerbe de fleurs ce matin au cénotaphe pour honorer la mémoire du caporal Nathan Cirillo. Il ne connaissait pas du tout Michael Zehaf Bibeau.

«Comme imam, nous invitons les gens à rapporter toute information, a-t-il dit. Je vous rappelle que le complot contre un train de VIA Rail a été déjoué grâce à la vigilance d'un imam.»

Débat national

M. Hashmi va même plus loin en appelant de ses voeux un forum sur la radicalisation des jeunes musulmans. «Il est temps d'avoir un débat national. Organisons un sommet, rassemblons tous les leaders, les imams ensemble: la GRC, le SCRS, la Sécurité publique dans la même pièce.»

Sikander Hashmi dit vouloir tenir les jeunes éloignés des idées extrémistes, mais qu'il manque de fonds pour combattre la radicalisation. «J'essaie de mettre sur pied un programme destiné aux jeunes, mais je n'arrive même pas à avoir les fonds juste pour acheter de la pizza, a-t-il illustré. Nous avons besoin d'aide, une aide sérieuse.»

À la mosquée al-Islam, dans l'arrondissement de Saint-Laurent, on assure que des membres de la communauté se chargent de détecter les individus qui pourraient déraper parmi les fidèles.

«On explique et on déconstruit des idées fausses que certaines personnes tentent de connecter à l'islam», a indiqué Salam el-Menyawi, porte-parole du lieu de culte.

«Dès que nous sentons du danger, on a l'instruction d'appeler la police, a-t-il dit. Nous n'avons pas eu besoin de le faire jusqu'à maintenant.»