Les Canadiens devraient s'attendre à des mesures de sécurité et de surveillance renforcées à la suite des attaques contre l'armée à Ottawa et à Saint-Jean-sur-Richelieu, estime Glenn Greenwald, le journaliste ayant contribué à révéler l'existence de vastes programmes de surveillance aux États-Unis.

M. Greenwald, qui était de passage jeudi à Montréal, croit que les pouvoirs gouvernementaux en matière de détention et de surveillance seront fortement renforcés à cause de la prédominance de la peur et du nationalisme.

Peu après que le journaliste eut fait ces commentaires, le premier ministre Stephen Harper a annoncé aux Communes que les pouvoirs de surveillance, de détention et d'arrestation du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) seraient rapidement accrus.

M. Greenwald était de passage à Montréal pour prononcer un discours à l'Université McGill, dans le cadre d'une tournée de plusieurs villes canadiennes. Après son travail au quotidien britannique «The Guardian», où il a rapporté l'an dernier les révélations d'Edward Snowden sur la vaste surveillance menée par l'agence américaine de sécurité nationale, il est devenu corédacteur en chef du magazine virtuel «The Intercept», qui s'intéresse aux questions de sécurité.

Pour lui, le Canada ne devrait pas être sous-estimé lorsqu'il est question de renseignement, d'autant plus qu'Ottawa est membre de l'alliance «Five Eyes» rassemblant les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Comme il le rappelle, ce regroupement veut «recueillir et stocker toutes les communications électroniques partout sur la planète». Ce qui, croit-il, est une autre façon d'éliminer le droit à la vie privée à l'ère numérique.

Il souligne que l'augmentation de la surveillance n'a pas nécessairement permis de déjouer des complots terroristes; l'abondance d'informations pourrait en fait s'avérer nuisible, juge-t-il. Les événements de Saint-Jean-sur-Richelieu et d'Ottawa se sont d'ailleurs produits malgré l'imposant dispositif de surveillance déjà en place, souligne-t-il.

M. Greenwald reconnaît aussi que les États-Unis pourraient faire pression sur leur voisin du nord pour qu'Ottawa renforce ses lois en matière de sécurité et de surveillance. Il affirme que les Canadiens doivent réaliser que leur politique étrangère, comme la décision de participer aux frappes contre le groupe armé État islamique en Irak, a des conséquences, malgré la réputation pacifique du pays.