Le psychiatre Sylvain Faucher, qui conclut que Guy Turcotte savait ce qu'il faisait quand il a tué ses enfants, n'est pas infaillible. Il y a plusieurs années, il n'a pas détecté qu'un jeune homme condamné pour plusieurs viols, Simon Marshall, était innocent.

C'est en ramenant sur le tapis de vieux dossiers auxquels le psychiatre Faucher avait été associé que la défense a continué de labourer la crédibilité de cet expert de la Couronne, hier, au procès de Guy Turcotte. Me Pierre Poupart, avocat de l'accusé, a questionné le Dr Faucher sur l'évaluation qu'il avait faite dans l'affaire Tommy Bouchard-Lebrun, un cas de psychose toxique maintenant devant la Cour suprême du Canada.

Me Poupart a ensuite rappelé au Dr Faucher son rôle dans la cause de Simon Marshall, une retentissante erreur judiciaire qui s'est produite à Québec. En 1997, M. Marshall a été condamné à cinq ans de prison pour une dizaine d'agressions sexuelles. Il a purgé toute sa peine. Ce n'est qu'après, quand il s'est dénoncé pour d'autres crimes sexuels qu'il n'avait pu commettre, qu'on s'est rendu compte de son innocence. Un test d'ADN l'a d'ailleurs disculpé indéniablement. M. Marshall a reçu de l'État un dédommagement de plus de 2 millions de dollars pour cette erreur judiciaire. Le Dr Faucher avait évalué M. Marshall en 1997 aux fins de la détermination de sa peine, et il a ensuite été son psychiatre traitant.

«Vous lui avez donné l'étiquette de paraphilie, de violeur et de voyeur sur la base de l'enquête, alors qu'il était innocent. Vous avez recommandé des traitements et un suivi thérapeutique. Vous auriez pu sonder psychiquement M. Marshall et découvrir qu'il s'était incriminé faussement», a lancé Me Poupart.

Le Dr Faucher a rétorqué qu'il n'avait pas eu à se prononcer sur la responsabilité criminelle de Marshall, qu'il s'agissait d'un dossier de personnalité aux fins de la détermination de la peine et que ce n'était pas son rôle de refaire les enquêtes de police. «On part du principe que la personne déclarée coupable est l'auteur des crimes. On ne refait pas le procès avec l'individu», a-t-il dit.

Plus tard, il a aussi admis que les psychiatres se trompent parfois. «On ne détient pas la vérité. Parfois, il y a des choses qui nous échappent, on fait des erreurs», a reconnu le Dr Faucher. Il faut dire que le cas Marshall n'était pas simple puisque le jeune homme s'incriminait lui-même faussement.

Le contre-interrogatoire du Dr Faucher n'a pu se poursuivre hier après-midi parce qu'un juré a eu un malaise, apparemment une intoxication alimentaire. La séance doit reprendre ce matin.

Responsable?

Le Dr Faucher a évalué Guy Turcotte à la demande de la Couronne. Comme les autres psychiatres qui ont évalué l'accusé, il a conclu que M. Turcotte souffrait d'un trouble d'adaptation avec humeur anxieuse et dépressive quand il a poignardé ses enfants à mort, le 20 février 2009. Mais à la différence des experts de la défense, il estime que M. Turcotte était responsable mentalement de ses actes.