Un « quartier de la francophonie » en pleine anglicisation, des déclarations choc de Pierre Poilievre, un débat vigoureux sur l’immigration, l’avenir politique de Valérie Plante et de Bruno Marchand… Retour sur quelques dossiers chauds de la semaine.

Dominique Anglade dans la course ?

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Dominique Anglade, ex-cheffe du Parti libéral du Québec

L’année 2024 commence à peine que les regards se tournent déjà vers 2025. Des élections municipales se tiendront partout au Québec l’an prochain, en novembre. Les maires des deux plus grandes villes, Valérie Plante et Bruno Marchand, ont déjà confirmé vouloir solliciter un nouveau mandat. Qui d’autre sera sur les rangs ? À Montréal, le nom de l’ex-cheffe libérale Dominique Anglade commence à circuler. Elle m’a assuré vendredi n’avoir aucun intérêt pour une éventuelle course à la mairie. Préparez-vous à entendre parler d’autres candidats potentiels dans les prochains mois. Certains sérieux, d’autres sortis du champ gauche. Et rappelez-vous que les changements d’idée sont fréquents en politique. En référence : Denis Coderre.

Grogne dans la vie nocturne

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La Société des arts technologiques

La Ville de Montréal veut transformer le Quartier latin en zone « 24 heures sur 24 », un élément phare de son plan de relance du centre-ville dévoilé lundi. Plusieurs dans le milieu de la vie nocturne ont sursauté en ouvrant leur boîte de courriels, quelques jours plus tard. La raison ? Ils ont appris qu’ils perdront leur financement municipal en 2024. L’organisme MTL 24/24, qui organise entre autres le Sommet de la nuit, devra mettre à pied trois employés et des dizaines de pigistes, en plus d’annuler son évènement principal. À la Société des arts technologiques (SAT), le manque à gagner sera de 200 000 $ par année, somme considérable pour cet OBNL fragilisé par la pandémie. L’ambiance est loin d’être festive chez les noctambules : une manifestation est prévue lundi soir devant l’hôtel de ville, selon mes informations.

Quartier franco… en anglais

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Façades de commerces dans le Quartier latin de Montréal

Une autre annonce de l’administration Plante a fait des remous : le Quartier latin de Montréal sera désigné « quartier de la francophonie ». Plusieurs y ont vu un aveu de l’anglicisation accélérée de la métropole, qui aurait maintenant besoin de circonscrire sa réalité francophone dans un secteur précis. Cette idée est en effet très bizarre, même franchement mauvaise. Mais ce qui est encore plus triste est la réalité sur le terrain. Le Quartier latin fait pitié, avec toutes ses façades placardées et sa forte population itinérante. Et parmi les commerces encore ouverts, une bonne vingtaine s’affichent en anglais, a noté mon collègue Philippe Teisceira-Lessard1. Very sad.

50 000 $ pour quitter le Village

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Le métro Beaudry, dans le Village, début janvier

Le plan de relance montréalais vise aussi le Village, situé dans l’est du centre-ville. Explosion de l’itinérance, fermetures de commerces en série, vente et consommation de drogues dures à ciel ouvert, insécurité : les problèmes s’aggravent. J’ai parlé cette semaine à un résidant, Pascuale*, qui habite depuis une quinzaine d’années dans ce quartier qu’il adore. Ou plutôt : adorait. Il s’apprête à mettre en vente son condo acheté il y a tout juste un an, en raison de la dégradation accélérée du secteur. Perte estimée : 50 000 $. « Il y a deux semaines, on a appris la fermeture du Passé composé, mon restaurant préféré, et ç’a été la goutte de trop. C’est un effet cumulatif. On se sent laissé à l’abandon ici, par la Ville. On ne sent pas de vrai plan d’action, seulement des réponses vagues. » J’ai reçu plusieurs témoignages similaires ces derniers temps, malheureusement2.

Immigration et logement

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

« La population du Canada croît cinq fois plus vite que la moyenne des autres pays de l’OCDE, alors que les mises en chantier reculent », écrit Maxime Bergeron.

Sujet délicat s’il en est, le débat sur les cibles d’immigration fédérales s’est étalé sur toutes les tribunes cette semaine. Économistes, politiciens, commentateurs, gens d’affaires : tout le monde a eu son mot à dire sur le sujet. Il faut dire que les chiffres parlent d’eux-mêmes. La population du Canada croît cinq fois plus vite que la moyenne des autres pays de l’OCDE, alors que les mises en chantier reculent. En rappel : l’île de Montréal a accueilli presque 100 000 nouveaux habitants dans la dernière année, alors qu’à peine 7700 logements ont été mis en chantier3. Il semble que l’heure des comptes ait sonné pour le gouvernement de Justin Trudeau, qui a improvisé des cibles d’accueil sans tenir compte de la capacité des infrastructures comme le logement, les écoles et les hôpitaux.

Poilievre décoche des flèches

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada

Ce n’était pas de la politique de haut vol. Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a traité Valérie Plante et Bruno Marchand d’« incompétents », jeudi sur le réseau social X, les accusant de bloquer les chantiers d’habitation dans leurs villes respectives. Les répliques, cinglantes, n’ont pas tardé. La mairesse de Montréal a rappelé que la majorité des fonds fédéraux destinés au logement transitent par le gouvernement du Québec, avant d’aboutir dans les villes. Oups. Cette particularité québécoise n’est pas toujours un gage d’efficacité, loin de là. Et les grandes villes pourraient certainement en faire plus pour accélérer les mises en chantier, Montréal au premier chef. Mais il reste que Pierre Poilievre a perdu la face avec son attaque.

Et vous, votre semaine ?

* Le résidant nous a demandé de ne pas divulguer son vrai nom.

1. Lisez « L’anglais omniprésent dans le “quartier de la francophonie” » 2. Lisez « Insécurité dans le Village : lassé, un restaurateur plie bagage » 3. Lisez la chronique « Le “piège démographique” montréalais (et canadien) »