(Halifax) La cheffe par intérim de l’Assemblée des Premières Nations a soutenu mercredi que la cheffe destituée RoseAnne Archibald s’était vu interdire mardi de participer à l’assemblée générale annuelle de l’APN à cause d’une violation du code de conduite de l’organisation.

Joanna Bernard a déclaré mercredi aux chefs réunis à Halifax qu’elle s’était engagée à rendre l’assemblée générale sécuritaire pour tous. C’est pourquoi les coprésidents de l’assemblée générale annuelle ont décidé d’exclure Mme Archibald, qui avait participé mardi en mode virtuel.

Avant son « exclusion virtuelle », mardi, Mme Archibald avait pu dénoncer auprès de ses collègues les instances de l’APN et déclarer que son éviction le mois dernier était un exemple de « violence latérale » et de « haine ».

Il a été impossible de savoir auprès de Mme Archibald si elle avait tenté de participer à nouveau mercredi à l’assemblée générale de façon virtuelle.

Mme Bernard, cheffe régionale de l’APN pour le Nouveau-Brunswick, a été nommée par le comité exécutif de l’organisation, au début de la semaine, pour occuper temporairement le poste de chef national, jusqu’à l’élection en décembre de la personne qui remplacera Mme Archibald.

La cheffe intérimaire a pris la parole mercredi après la présentation des conclusions d’une enquête sur des plaintes d’inconduite sexuelle et d’autres comportements prédateurs au sein de l’organisation. L’enquête a pu recueillir des preuves montrant que certaines personnes avaient subi des contacts physiques non désirés et des commentaires sexuels de la part d’aînés, de dirigeants et d’employés de l’APN.

PHOTO DARREN CALABRESE, LA PRESSE CANADIENNE

La cheffe par intérim de l’Assemblée des Premières Nations, Joanna Bernard

Mme Bernard a assuré mercredi que des mesures seront prises pour lutter contre la violence sexuelle et le harcèlement au sein de l’organisation de défense des droits des Premières Nations. « L’APN doit être un endroit sécuritaire pour tous », a-t-elle déclaré après la présentation des conclusions de cette enquête. Elle a ajouté qu’il devrait y avoir au sein de l’APN une « politique de tolérance zéro » en matière de harcèlement.

L’autre enquête

Cette assemblée générale annuelle se tient deux semaines après la destitution de Mme Archibald. Lors d’une assemblée extraordinaire, en mode virtuel, le 28 juin, le comité exécutif de l’APN recommandait sa destitution sur la base d’une enquête sur les rapports de la cheffe nationale avec son personnel.

L’enquête externe avait été amorcée à la suite de plaintes de cinq membres du personnel. L’examen indépendant avait conclu que certains des comportements de Mme Archibald constituaient du harcèlement. L’enquête a également conclu que la cheffe avait enfreint les politiques internes de l’APN en exerçant des représailles contre les plaignants et en ne respectant pas la confidentialité du processus de plaintes.

Sur les 231 chefs qui ont participé au vote, il y a deux semaines, 71 % ont opté pour destituer Mme Archibald, après avoir été informés des conclusions de l’enquête.

Plus tôt mercredi, dans une allocution, Terry Richardson, chef de la communauté mi’kmaq de Pabineau, dans le nord du Nouveau-Brunswick, a invité ses collègues à tendre la main aux membres pour que cessent les attaques contre Mme Bernard sur les médias sociaux. M. Richardson n’a pas précisé la nature de ces commentaires, mais il a affirmé que ce qu’il avait vu était « irrespectueux » et « inacceptable ».

Le chef mi’kmaq a déclaré qu’il avait déjà soutenu RoseAnne Archibald par le passé, mais que « le processus [démocratique] devait être respecté ». Il estime que Mme Bernard n’a pas demandé à être cheffe par intérim et qu’elle mérite d’être soutenue alors qu’elle assume cette « énorme responsabilité » tout en conservant son poste de cheffe régionale de l’APN pour le Nouveau-Brunswick.

« L’attaquer n’est pas la solution, a déclaré le chef Richardson. Ce n’est pas non plus la méthode L’Nu ou autochtone, ni la méthode mi’kmaq. »