(Montréal) La pression des syndiqués du secteur public s’intensifie, à commencer par une grande marche, le 23 septembre, à Montréal. Des syndicats du front commun ont aussi le mandat de préparer la grève cet automne.

Les quatre organisations syndicales qui forment le front commun du secteur public, soit la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS, ont fait le point, mardi, sur l’état des négociations avant les vacances d’été.

Le front commun a déjà demandé la médiation – un passage obligé avant d’obtenir le droit de grève. Ces rencontres de médiation ont débuté et suivent leur cours.

Mais « ça n’avance absolument pas aux tables de négociations », sauf peut-être « quelques-unes seulement », a souligné Magali Picard, présidente de la FTQ.

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Magali Picard, présidente de la FTQ

« À l’automne, c’est certain que la pression va augmenter et c’est certain que nous irons consulter nos membres. Maintenant, à savoir qu’est-ce que ce sera ? C’est certain que la stratégie pourra aller jusqu’à la grève. On va aller consulter nos membres et c’est eux qui décideront », a résumé Éric Gingras, président de la CSQ.

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Éric Gingras, président de la CSQ

Le président de l’APTS, Robert Comeau, confirme l’accroissement de la pression dans le secteur de la santé et des services sociaux. « On a également un mandat qui est celui de préparer la grève cet automne, bien sûr. On s’y prépare. C’est un passage obligé de s’y préparer. On a demandé également la médiation il y a quelques semaines. Il faut savoir qu’en santé et services sociaux, on doit s’entendre aussi sur les services essentiels. Donc, tous ces processus-là sont en cours actuellement. »

Québec continue d’offrir à l’ensemble des employés de l’État 9 % d’augmentations sur cinq ans, auquel il ajoute un montant forfaitaire de 1000 $ et une somme équivalant à 2,5 % consacrée à des « priorités gouvernementales », ce qui lui fait conclure qu’il offre 13 % d’augmentations sur cinq ans.

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Le trésorier de l’APTS, Sébastien Pitre, et le président, Robert Comeau

Le front commun revendique pour la première année 100 $ par semaine ou l’IPC plus 2 % – selon la formule la plus avantageuse pour le travailleur – puis l’IPC plus 3 % la deuxième année et l’IPC plus 4 % la troisième année.

« Ils nous refusent encore et ils nous disent qu’on demande trop sur le 100 $ par semaine, la première année. Et ils ont le culot, les députés, en même temps, de se voter une augmentation de 582 $ par semaine », a critiqué François Énault, vice-président de la CSN responsable de la négociation du secteur public.

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François Énault, vice-président de la CSN responsable de la négociation du secteur public

Pour ce qui est de la grande manifestation du 23 septembre, le front commun y invite aussi la population en général, afin de se porter à la défense des services publics. Les grandes organisations syndicales disent craindre une plus grande privatisation des services en santé et en éducation.

Éric Gingras inquiet pour le milieu de l’éducation

Le président de la CSQ, Éric Gingras, s’inquiète de la situation générale dans le milieu de l’éducation, pris avec une pénurie de personnel et les mesures adoptées en vitesse pour tenter d’atténuer le problème.

En entrevue mardi, le président de la grande centrale syndicale du milieu de l’éducation a confié ses préoccupations, alors que se multiplient les programmes écourtés pour améliorer la formation des 30 000 enseignants non légalement qualifiés et les primes offertes au fur et à mesure que Québec affronte une difficulté.

« On essaie avec des plasters, avec des diachylons. Oui ça va aider ; on prend tout ce qui passe », mais il faut aussi s’attaquer au problème de fond, qui est le manque d’intérêt pour les professions et métiers dans le milieu de l’éducation », affirme M. Gingras.

« Les enseignants, les professionnels, le personnel de soutien, ça n’attire plus. Et même quand le gouvernement fait un effort avec des primes, il ne le fait même pas pour le réseau de l’éducation », a déploré M. Gingras.

Au-delà des mesures ponctuelles, il faut aussi bonifier les conditions de travail et d’exercice de ceux qui travaillent dans le milieu de l’éducation et s’attaquer à la composition des classes et au soutien aux enseignants. C’est de cette façon, croit le président de la Centrale des syndicats du Québec, que les problèmes pourront être réglés à plus long terme.