Deux travailleurs ont été blessés dans la nuit de jeudi à vendredi à la Fonderie Horne, dont l’un qui se trouvait dans un état critique après avoir été vraisemblablement intoxiqué durant des travaux d’aspiration de la poussière. La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a ouvert une enquête.

L’information d’abord rapportée par Radio-Canada a été confirmée à La Presse en début de journée, dimanche. Le porte-parole de la CNESST, Nicolas Bégin, affirme que deux inspecteurs ont été envoyés sur les lieux de la Fonderie vendredi matin, quelques heures après l’accident qui s’est produit durant la nuit.

Tout s’est produit « lors de travaux d’aspiration dans le secteur des électrofiltres à la Fonderie Horne », écrit la surintendante aux communications et relations avec la communauté de Glencore, Cindy Caouette.

Elle précise que les deux hommes, qui sont des employés de sous-traitants de la Fonderie, ont été pris en charge par des ambulanciers avant d’être transportés rapidement à l’hôpital. L’un des deux en est déjà sorti depuis – il avait des blessures mineures –, mais l’autre serait dans un état jugé plus sérieux ; il avait d’ailleurs été transporté par avion-ambulance.

« Nous prenons cet évènement très au sérieux et une enquête a été déclenchée afin de déterminer ce qui a pu mener à cet incident. […] Dans l’intervalle, nous avons pris la décision de suspendre certains travaux similaires », poursuit Mme Caouette.

Cette dernière soutient par ailleurs qu’il est encore trop tôt à ce stade-ci « pour dire avec exactitude quelle a été la chronologie des évènements ainsi que ce qui est réellement arrivé ». « Ce sont les résultats de l’enquête qui pourront le démontrer et nous permettre d’apporter les mesures correctives qui s’imposent, si nécessaire », avance encore la porte-parole.

Selon certaines informations encore jugées préliminaires, le travailleur dans un état critique aurait initialement perdu son masque de protection après avoir été frappé par une pièce d’équipement. C’est à ce moment qu’il aurait subi une intoxication à la poussière, qui est composée de plusieurs métaux lourds et nocifs pour la santé respiratoire.

« Nos équipes font des vérifications en ce moment pour tenter de mieux comprendre ce qui s’est passé », a également indiqué M. Bégin dimanche, en précisant que l’organisme devrait avoir un « portrait plus complet » de la situation en début de semaine, lundi. « On souhaite comprendre ce qui s’est passé, mais surtout pourquoi ça s’est produit, afin de déterminer ce qu’on devra faire éventuellement pour qu’une situation similaire se reproduise », a ajouté le relationniste.

En arrêt général

Tout cela survient alors que la Fonderie Horne se trouve actuellement en phase d’arrêt général, des travaux de maintenance étant effectués dans plusieurs unités de l’établissement. Vu « l’ampleur des travaux », Glencore affirme devoir procéder avec plusieurs sous-traitants, même si tous ses employés permanents demeurent en théorie au travail pendant l’entretien. En règle générale, un tel processus se produit en boucle tous les 18 mois.

Cindy Caouette affirme que plusieurs des sous-traitants « participent à nos arrêts généraux depuis plusieurs années déjà ». « De plus, certains des entrepreneurs sont embauchés pour effectuer des travaux spécialisés qu’eux seuls sont en mesure de réaliser », précise-t-elle.

D’après les informations de Radio-Canada, les deux victimes travaillent pour une entreprise originaire de la région de Montréal qui est spécialisée en nettoyage industriel et pompage de matières dangereuses.

En juin 2022, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) notait que les émissions dans l’air de métaux à Rouyn-Noranda « sont à l’origine de retombées qui peuvent alors représenter un potentiel de risque [cancérigène] lors de l’ingestion de sols et de poussière ». « L’appréciation du risque cancérigène découlant de l’ingestion de sols et de poussières contaminés a permis par ailleurs d’illustrer le fait qu’il existe une grande marge d’incertitude quant aux risques découlant de la contamination des sols », y lisait-on.

Début mars, La Presse rapportait que les concentrations de contaminants toxiques comme le plomb, le cadmium et l’arsenic ont largement dépassé l’an dernier les normes québécoises dans l’air de Rouyn-Noranda, aux abords de la Fonderie Horne, aggravant les risques pour la santé.

Québec a peu après serré la vis à la Fonderie Horne en lui imposant de se conformer d’ici quatre ans soit aux normes en vigueur, soit aux seuils jugés acceptables par l’INSPQ. L’entreprise devra notamment réduire la concentration d’arsenic générée par ses activités à une moyenne annuelle maximale de 15 nanogrammes par mètre cube (ng/m⁠3) d’ici 2027, en plus de soumettre un plan pour atteindre la norme québécoise de 3 ng/m⁠3 avant la fin de cette même année.