Les premiers ministres Justin Trudeau et Philippe Couillard ainsi que l'ensemble des partis politiques québécois ont condamné jeudi l'irruption d'un groupe d'extrême-droite dans les locaux du média en ligne VICE, jeudi.

De passage à La Malbaie, dans Charlevoix, M. Trudeau a dénoncé l'action du groupe anti-immigration Atalante, qui a investi les les bureaux montréalais de VICE mercredi.

« L'incursion dans les locaux de VICE hier est un incident inquiétant, c'est un exemple d'intimidation des médias qui est absolument inacceptable, a affirmé le premier minsitre. Je suis rassuré de voir que les autorités prennent ça au sérieux. Moi, en tout cas je prends ça au sérieux.»

« La montée de voix d'extrême-droite à travers le monde est très inquiétante, a-t-il ajouté. Mais je pense que la montée de la polarisation en général, venant de l'extrême-droite comme de l'extrême-gauche est préoccupante. »

À Québec, la réaction des parlementaires de l'Assemblée nationale a été unanime.

« On doit condamner l'action et l'intimidation, surtout dans ce cas-ci envers des journalistes, a affirmé Philippe Couillard lors d'un passage à Montréal. On a le droit et le devoir de répondre à ces bêtises. Ce que ces gens ont fait, c'est brimer la liberté d'expression. »

Les partis de l'opposition ont abondé dans le même sens.

« J'interprète cela comme un geste d'intimidation totalement inadmissible dans une démocratie comme la nôtre, a affirmé le député du Parti québécois, Stéphane Bergeron. La liberté de presse est une valeur cardinale dans une société libre et démocratique comme la nôtre. Conséquemment, on ne peut pas tolérer ce genre de comportement de casseur et d'intimidateur. »

« C'est déplorable de voir de gels agissements de groupes qui s'attaquent de façon facile à des journalistes, a pour sa part indiqué le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault. C'est déplorable. »

« Activité fasciste »

Le candidat à l'investiture de Québec solidaire dans Rosemont, Vincent Marissal, a qualifié l'action d'Atalante d'«activité fasciste» qu'il accueille avec « dégoût et horreur ». Il craint qu'elle n'encourage d'autres groupuscules à s'en prendre aux médias.

« Ce sont des façons de fonctionner qui sont violentes, qui sont anti-démocratiques, a-t-il déploré. Et ça se peut, à la fin, que ça intimide du monde et que des journalistes ne se sentent pas à l'aise de faire leur travail. »

Une demi-douzaine de membres d'Atalante, pour la plupart masqués, ont investi le bureau montréalais de VICE mercredi après-midi. Ils ont lancé des tracts sur le plancher et remis un trophée sur lequel on pouvait lire « VICE média poubelle 2018 »

Le geste survenait une semaine après la publication d'un article du journaliste Simon Coutu qui faisait état d'une présence croissante de groupes ultranationalistes ou d'extrême droite à Montréal. Une situation qui laisse entrevoir des affrontements avec les « Antifas ».

Aux yeux de M. Coutu, le coup d'éclat d'Atalante constituait une tentative d'intimidation.

Dans une publication Facebook assortie de photos de son action, Atalante a accusé le journaliste d'«attiser un climat dangereux, voir (sic) provoquer une guerre ouverte».

« Ces propagandistes font plutôt dans le commérage et le sensationnalisme de bas étage que dans l'information, a dénoncé le groupe. Encore une fois, vous démontrez que le milieu de la presse se résume aujourd'hui à du militantisme à peine caché. »