« C'est seulement la pointe de l'iceberg. Ce n'est pas un cas isolé », assure Ariane Litalien, au sujet des allégations d'agressions sexuelles visant le député Gerry Sklavounos. La jeune femme et ses deux complices Mélanie Lemay et Kimberley Marin, toutes les trois victimes d'agressions sexuelles, ont lancé vendredi à Longueuil le mouvement « Québec contre les violences sexuelles », avec la présence remarquée d'Alice Paquet.

Ce nouveau mouvement formé de militants contre la violence sexuelle réclame une loi-cadre spécifique aux cégeps et aux universités pour s'assurer que ces établissements encadrent équitablement les plaintes des étudiants pour agression sexuelle.

Une loi similaire existe aux États-Unis, souligne Ariane Litalien, qui a été victime d'un viol dans un dortoir de l'Université Harvard il y a trois ans. La femme de 25 ans s'était battue avec l'institution afin que son présumé agresseur change de résidence, un combat qui l'avait mené à partager la scène aux Oscars avec la chanteuse Lady Gaga.

À son retour au Québec, elle a décidé de prendre la parole pour faire changer les choses. « Il faut prendre du recul et réaliser qu'on vit dans une culture du viol. C'est quoi ? C'est la banalisation de la violence envers les femmes, c'est la normalisation de l'absence de consentement. C'est de blâmer les victimes pour ce dont elles ont été victimes, de questionner les circonstances [du viol] », dénonce avec assurance Ariane Litalien.

Kimberley Marin, une étudiante à la maîtrise à l'École de technologie supérieure, affirme avoir été agressée par trois étudiants pendant des initiations. « Les trois gars m'ont soulevée de force et m'ont enlevé mon bas », raconte-t-elle. Quand elle a voulu déposer une plainte à l'université, on l'a ignorée. « On m'a dit que c'était la première fois... Je suis sortie démolie », déplore-t-elle. Ainsi, une telle loi-cadre obligerait les établissements postsecondaires à réagir en cas de plainte de violence sexuelle.

Le mouvement « Québec contre les violences sexuelles » revendique également un financement adéquat des organismes luttant contre ce fléau, le déploiement d'une campagne de sensibilisation grand public et l'instauration d'une formation annuelle pour les recteurs et l'ensemble des élus de l'Assemblée nationale.

« Pour changer de culture, c'est important que les personnes en position de leadership, que ce soit des recteurs ou nos politiciens, se responsabilisent », maintient Ariane Litalien.

Les trois instigatrices du mouvement dénoncent vivement les gestes qu'aurait commis le député Gerry Sklavounos à l'endroit d'Alice Paquet.

« S'il y a une présumée agression qui [a été faite par] un représentant de la loi, un représentant de la justice, un politicien : il y en a partout. Il n'y a personne qui est à l'abri », affirme Mélanie Lemay. L'étudiante de 23 ans de l'Université de Sherbrooke souligne toutefois que la majorité des agressions sexuelles sont commises par des proches des victimes.

« Ce n'est pas de faire une chasse aux sorcières, c'est de s'ouvrir les yeux sur ces réalités : qu'on a tous un collègue de travail, un père, un ami, peu importe, qui est un agresseur », dit-elle.

Le trio de militantes espère que l'éclatement d'une telle affaire à l'Assemblée nationale va inciter plus de femmes à dénoncer leurs agresseurs partout au Québec.

« C'est sûr que des femmes vont se reconnaître dans le témoignage d'Alice. L'important, c'est que les femmes parlent et dénoncent. Que la société se rende compte qu'ils banalisent à chaque fois [les agressions] », soutient Kimberley Marin.

PHOTO ICI Radio-Canada

Ariane Litalien et Mélanie Lemay à Tout le monde en parle, dimanche dernier.