La tenue d'une enquête publique du coroner sur le suicide la semaine dernière d'une jeune Innue sur la Côte-Nord n'est pas assez, estime le chef de la communauté de Uashat mak Mani-utenam.

«Je salue la décision de Québec de faire la lumière sur les causes et sur les circonstances de la mort de Nadeige Guanish, mais ce n'est pas suffisant. Il faut faire plus», a déclaré le chef Mike McKenzie lors d'une conférence de presse tenue ce matin.

Vendredi, Québec a ordonné la tenue d'une enquête publique du coroner sur le suicide de la jeune Innue de 18 ans, mère d'un bébé, cinquième membre de la communauté de Uashat mak Mani-utenam, près de Sept-Îles, à s'enlever la vie cette année.

«Notre communauté est durement éprouvée. Notre peine est immense», a dit d'entrée de jeu le chef McKenzie.

«Comme les autres, notre jeunesse a le droit  à un environnement sain et sécuritaire. Comme les autres, elle a le droit d'aspirer à un avenir meilleur.»

Le chef innu a réitéré la demande des premières nations d'une commission d'enquête québécoise sur les facteurs systémiques qui nuisent aux relations entre les peuples autochtones et les instances québécoises. Une demande faite à plusieurs reprises par le Chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador Ghislain Picard dans la foulée des révélations de La Presse sur la mort violente ou obscure de 259 enfants et adolescents autochtones en 15 ans au Québec et du reportage de l'émission Enquête de Radio-Canada sur les sévices qu'auraient fait subir à par des femmes autochtones de la région de Val d'Or des policiers de la Sureté du Québec.

Ottawa doit agir

Ghislain Picard, qui était présent à la conférence de presse, a pour sa part annoncé qu'il enverra une lettre à la nouvelle ministre de la Justice du Canada, Jody Wilson-Raybould, elle-même autochtone, afin de lui demander formellement d'ajouter au mandat de l'éventuelle enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées un volet sur la relation entre le système de justice et les premières nations.

Le chef McKenzie s'est lui aussi adressé au gouvernement fédéral, demandant au nouveau premier ministre Justin Trudeau de se rendre à Uashat mak Mani-utenam rencontrer la communauté et profiter de cette visite pour annoncer la mise en branle de l'enquête nationale. «Il est temps de passer de la parole aux actes.»

Le chef innu souhaite aussi la création d'une escouade policière mixte regroupant des policiers de la réserve, de la SQ et de la GRC pour lutter contre les réseaux de vente et de distribution de stupéfiants à Sept-Îles.

«Il faut diminuer la présence des substances illicites», martèle le leader.

Il a dénoncé le sous-financement de plusieurs services, dont le corps de police locale et les services de santé. «On a besoin des ressources nécessaires pour intervenir adéquatement auprès de notre communauté.»