Des groupes qui défendent les personnes assistées sociales appréhendent de nouvelles coupes prochainement dans les programmes, notamment des pénalités pour ceux qui demandent de l'aide sociale une première fois.

Objectif emploi a déjà fait l'objet d'une annonce lors de la présentation du dernier budget du Québec, en mars dernier. Dans le document, on mentionne qu'Objectif emploi «sera un passage obligé d'une durée limitée, destiné aux nouveaux demandeurs d'aide sociale» pour accroître leur employabilité. On y précise que le programme doit permettre aux participants «d'obtenir une aide financière supérieure de près de 250 $ par mois par rapport à l'aide sociale».

Mais le Front commun des personnes assistées sociales craint que ceux qui refuseront de participer au programme voient leurs prestations amputées. Et il souligne d'ailleurs qu'il a appris que le supplément de 250 $ serait en fait un maximum. La prime varierait en fait de 130 $ à 250 $ selon le programme choisi par le bénéficiaire, a précisé Yann Tremblay-Marcotte, coordonnateur de l'organisme.

«On a eu une rencontre avec les hauts-fonctionnaires à la fin mai et on leur a demandé «est-ce que vous pouvez nous garantir que le chèque de base, le chèque de 616 $, ne pourra pas être  affecté?' Et ils ont dit «non, on ne peut pas vous garantir qu'il ne sera pas affecté'», a rapporté M. Tremblay-Marcotte.

Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, n'a pas encore donné les détails de ce programme Objectif emploi; on ignore donc s'il y aura bel et bien des pénalités comme le craignent les groupes concernés.

Mais M. Hamad a déjà indiqué en entrevue que son but était de favoriser la réinsertion en emploi et de viser à combler les emplois qui sont disponibles et que certaines entreprises ne parviennent toujours pas à combler. De plus, le ministre avait affirmé qu'il se laisserait guider dans ses choix par le principe de l'équité, aussi, envers les travailleurs à faible revenu.

Le Front commun des personnes assistées sociales et la Ligue des droits et libertés critiquent également l'aspect obligatoire de la participation à Objectif emploi pour les premiers demandeurs d'aide sociale.

Marie-Noëlle Perron, de la Maison Tangente, qui vient en aide aux jeunes en difficulté, explique qu'elle donne justement un coup de pouce à des jeunes qui manquent d'estime de soi, qui ont parfois des problèmes de toxicomanie, des problèmes familiaux, et que ceux-ci ont plus besoin d'un endroit sécuritaire et d'une pause pour reprendre leur vie en main que d'une obligation de participer à un programme d'employabilité sous peine de voir leur chèque réduit.

Les groupes rappellent que le ministère vient déjà d'adopter des mesures de contrôle à l'aide sociale, qui touchaient à des aspects comme la location de chambres, les voyages à l'extérieur du Québec et l'hébergement dans un centre de désintoxication.