Le conseil de bande de Kahnawake a dénoncé hier une intervention de la Sûreté du Québec (SQ) survenue sur son territoire, qui relevait du champ de compétences de ses policiers locaux, les Peacekeepers.

Bien que les protocoles liant les Peacekeepers et les policiers provinciaux soient « généralement bien respectés », le fait qu'un policier ait sorti son arme pour une infraction « administrative » en dehors du territoire sur lequel la SQ a autorité déplaît au Grand Chef de Kahnawake, Michael Delisle Jr. « C'est non seulement inacceptable, c'est carrément dangereux », a déclaré le dirigeant mohawk dans une adresse à sa communauté.

« Plusieurs membres de notre communauté voient cet incident comme un acte de provocation, et nous partageons leurs inquiétudes », a ajouté le Grand Chef.

L'intervention en question serait survenue après qu'un automobiliste eut brûlé un feu rouge, selon Michael Delisle. « Oui, l'interception s'est faite sur le territoire de Kahnawake, a admis la porte-parole de la SQ Mélanie Dumaresq. Mais l'infraction a été constatée à l'extérieur du territoire », a-t-elle précisé. Selon sa version, l'automobiliste aurait donc été interpellé en territoire de la SQ, mais aurait immobilisé son véhicule en territoire mohawk. Or c'est faux, a rétorqué l'attaché de presse du Grand Chef, Joe Delaronde. « L'intervention a eu lieu en plein coeur de la communauté », a-t-il déclaré. 

Les ententes entre les deux corps de police précisent que les policiers provinciaux doivent aviser les Peacekeepers de leur présence sur le territoire mohawk, à moins qu'ils ne fassent que le traverser sans intervenir.

« La SQ a déclaré au chef [Dwayne] Zacharie [chef des Peacekeepers] que le policier en était à sa première journée de travail », a noté le Grand Chef Delisle. « Ça sent la négligence ou quelque chose de pire dans les opérations de la SQ », a-t-il indiqué, en assurant que cette situation allait être dénoncée aux « plus hautes autorités ».

Le problème, a expliqué Joe Delaronde, est que la SQ « trouve toujours une excuse » pour expliquer ces incidents. « Mais nous n'en n'avons pas contre la SQ ; nous en avons contre certains policiers qui ne semblent pas se soucier des protocoles en place », a-t-il dit.