En 2011, quand le financement fédéral du programme Chez soi s'est terminé, quatre des cinq provinces canadiennes où s'était déroulée cette immense étude ont choisi de poursuivre l'expérience. Pas le Québec. Pourquoi?

Dès le départ, cette grande étude financée par un organisme fédéral a fait grincer des dents au Québec, où certains ont eu l'impression que le fédéral voulait dicter les façons de faire en matière de lutte contre l'itinérance.

«Le fédéral veut décider des orientations en matière d'itinérance au profit d'une seule et même approche. On ne pense pas que ce soit souhaitable de mettre tous nos oeufs dans le même panier!», a par la suite lancé la ministre Véronique Hivon.

«L'approche traditionnelle mise de l'avant par plusieurs groupes au Québec, c'est le logement social. Mais tout le monde ne peut et ne veut pas vivre en logement social. Si la personne ne veut pas vivre en logement social, qu'est-ce qu'on fait? Les groupes n'ont pas de solution. Nous, on en a une», fait valoir Sonia Côté, qui a coordonné le volet clinique de Chez soi.

À la fin du projet, ce sont donc les services usuels au Québec qui ont pris le relais pour le suivi des participants. Après quelques mois de flottement, ces derniers ont aussi eu droit à la subvention au loyer, parce que la Société d'habitation du Québec a créé un programme particulier pour eux.

Mais ce transfert a eu des conséquences, estime Mme Côté. «J'étais sûre qu'à la fin du projet, on allait pouvoir reprendre les gens dans le système régulier. On l'a fait pour plusieurs. Mais dans d'autres cas, la marche était trop haute. Nos cas étaient trop lourds.» Plusieurs bénéficiaires ont ainsi perdu leur logement.

Combien coûte un sans-abri à la société?

Un sans-abri coûte en moyenne 53 000 $ par an à la société québécoise.

Exemples de coûts:

• Refuge: 54$ par nuit

• Hôpital - santé physique: 906$ par nuit

• Hôpital - psychiatrie: 540$ par nuit

• Urgences: 323$ par visite

• Arrestation: 566$

• Prison: 164$ la nuit