Jean-Philippe Fortier, un facteur travaillant sur le Plateau Mont-Royal et à Villeray, a dû jouer à saute-mouton toute la journée d'hier pour accomplir son travail. À la place des moutons: d'immenses bancs de neige laissés par la tempête historique de jeudi.

«C'est surtout quand les trottoirs ne sont pas déblayés» que c'est compliqué, a expliqué le facteur. Mais heureusement pour lui et ses collègues, leurs patrons «ne [les] forcent pas à tout livrer».

Bien équipé, M. Fortier doit souvent traverser d'épais bancs de neige et marcher en pleine rue pour progresser. «Si ce n'est pas accessible ou si c'est trop dangereux, on n'y va pas», dit-il. Mais pour la portion de parcours pendant laquelle La Presse a suivi M. Fortier, rares sont les résidants qui n'ont pas reçu sa visite.

Le bonheur des autres

Les déneigeurs privés, eux, sont plutôt contents de voir autant d'entrées de maisons couvertes d'un épais manteau. «C'est la première fois que je vois ça», a expliqué Maurice Signore, propriétaire de Déneigement Beaux-Frères. Beaucoup de clients «veulent signer des contrats». «Ils ont tous besoin de déneigeurs, c'est incroyable!»

La demande est si grande que M. Signore jure ne plus être en mesure de répondre à la demande. «Je suis complet», a-t-il résumé au cours d'un entretien téléphonique.

D'autres entrepreneurs sont moins positifs. Hier après-midi, Enzo Lonarpelli, propriétaire de l'entreprise Enzo Déneigement, a affirmé avoir passé «deux jours d'enfer». «Moi, je suis au contrat. C'est tant d'argent, neige ou pas neige», a-t-il déploré. Ses quatre véhicules sont sur la route depuis jeudi matin.

Les stations de ski exultent

Sur les pistes de ski, c'est le bonheur total et les flocons accumulés au cours des derniers jours promettent une saison 2013 fructueuse pour les propriétaires de stations.

«Il y a beaucoup de monde sur les pistes, c'est comme une journée de fin de semaine en plein hiver», s'est exclamé Sébastien Bertrand, directeur marketing à la station Ski Mont Saint-Bruno.

Celui-ci qualifie les conditions météorologiques actuelles d'«idéales» pour les stations et bien meilleures que celles des années précédentes. «On est ouvert à 100% cette année, mais on ne l'était pas l'année passée à ce temps-ci.»

Du côté de Saint-Sauveur, la même excitation était palpable. La journée de vendredi a été très occupée grâce au climat clément, du «jamais vu», selon Martin Giroux, directeur marketing du Groupe Mont Saint-Sauveur.

«On est frappé, ce Noël, d'une quantité de neige incroyable en une si courte période de temps. La semaine dernière, on a reçu au-delà de 100 cm, a-t-il expliqué. Les gens ne peuvent pas demander mieux!»

Pour le président de l'Association des stations de ski du Québec, Claude Péloquin, il s'agit de l'amorce d'une saison mémorable. Contrairement à l'année dernière, la météo semble être du côté des propriétaires de centres de ski.

«La période entre le 21 décembre et le 10 janvier représente 20 à 30% du chiffre d'affaires annuel des stations de ski, a indiqué M. Péloquin. C'est une période importante et d'après ce qu'on voit, tous les ingrédients sont là.»