Les travailleurs de l'aluminerie Rio Tinto Alcan d'Alma rejettent les dernières offres patronales dans une proportion de quelque 88 %. À l'annonce du résultat du scrutin, vendredi, le médiateur du ministère du Travail a immédiatement convoqué les deux parties pour une ultime ronde de négociations, à 15h.

Les trois accréditations syndicales de l'usine lancent néanmoins un message clair à la multinationale. Jusqu'ici, la compagnie a toujours été catégorique : les opérations actuelles ne pourront être maintenues sans un contrat de travail. Or, l'actuelle convention collective prend fin à minuit, le 31 décembre.

Dans le cadre d'un point de presse, le président du Syndicat des travailleurs de l'aluminium d'Alma, Marc Maltais, a réitéré son désir de reprendre le dialogue. Selon lui, l'employeur est parfaitement conscient des bonifications qu'il doit apporter à ses offres pour éviter un conflit de travail.

En ce sens, il promet de demeurer inflexible quant à ses exigences, même si sa position risque de mener tout droit vers une grève ou un lock-out.

«Ce géant-là va reconnaître la culture au Québec. Les gens d'ici savent ce qu'ils valent ; on connaît la valeur de nos ressources naturelles, on sait ce qu'on vaut. C'est pourquoi nous ne sommes pas sur le mode concession, au contraire. On est les meilleurs aluminiers au monde, on mérite le meilleur respect au monde.»

Le nerf de la guerre étant l'argent, Marc Maltais fait le pari que les actionnaires de la compagnie ne mettront pas en péril une usine performante pour des litiges concernant l'usage de la sous-traitance. Évaluée à 3 milliards $, l'Usine Alma est, selon le syndicat, la plus rentable du groupe RTA. En ce qui a trait à sa capacité de production de 460 000 tonnes annuellement, elle figure au quatrième rang des plus importantes installations de la multinationale.

«Il faut se rappeler que le plus gros actionnaire de cette compagnie-là ne possède que 4 % des parts. Donc, la majorité de l'actionnariat se promène quotidiennement à la recherche d'un retour rapide sur leur investissement. L'orgueil, la haine, c'est un luxe qui se monnaye et les grands argentiers de ce monde n'ont pas de temps à perdre avec ça. Ils veulent des rendements», insiste le représentant syndical.

Dans la même veine, il ajoute ne pas être préoccupé par la situation du marché de l'aluminium, alors que la tonne de métal gris peine à atteindre les 2000 $.

«Selon les données qu'on a, qui sont quand même contemporaines, on parle d'une production autour de 1100 $ la tonne au coût net, avec le tarif L. donc, même à 2000 $ la tonne, c'est encore très, très lucratif», exprime-t-il.

Marc Maltais estime par ailleurs que la direction de RTA serait bien mal avisée de mettre sa menace de lock-out à exécution, compte tenu de la complexité d'un éventuel redémarrage. Il avance que la division Alma ne pourrait survivre de façon autonome que trois jours, peut-être trois et demi.

 

(Plus de détails dans le Quotidien demain)