Il y aura 20 ans lundi survenait la pire catastrophe aérienne impliquant un avion canadien de l'histoire, un événement depuis longtemps oublié par les Canadiens.

La vie de l'ensemble des 261 personnes à bord de l'avion de Nationair, dont 14 membres d'équipages canadiens a subitement été interrompue le 11 juillet 1991, lors de son écrasement à Jeddah, en Arabie Saoudite.

Alors que le public canadien a pu assister aux travaux d'une commission parlementaire et visiter de nombreux mémoriaux à la mémoire des victimes de la tragédie d'Air India, rares sont ceux qui se souviennent de l'écrasement de l'avion de Nationair.

Il s'agit pourtant de la 15e pire catastrophe aérienne de l'histoire.

«Peut-être est-ce parce que l'incident n'est pas survenu en sol canadien», a avancé Dale Humphrey, un ancien agent de bord de Nationair.

«À l'exception de l'annonce initiale, «événement s'est attiré peu de couverture médiatique.»

M. Humphrey avait la possibilité de travailler sur ce vol, mais ne l'a pas fait. Un choix chanceux, en rétrospective.

Deux pneus du vol 2120, nolisé par Nigeria Airways pour transporter des musulmans vers La Mecque pour un pèlerinage, ont pris feu dès le décollage. Des morceaux de caoutchouc en flammes ont été projetés dans une ouverture, permettant au feu d'envahir rapidement le fuselage. Un troisième pneu a ensuite explosé.

L'avion, transformé en boule de feu volante, s'est cassé en deux, ses débris se dispersant dans le désert saoudien.

«Lorsque c'est arrivé, CNN a couvert l'événement pendant une semaine. Mais beaucoup de gens, au Canada, n'ont pas du tout entendu parler de l'écrasement», a relaté Lina Colacci, dont la soeur de 23 ans, Dolores, une hôtesse de l'air, est morte dans le désastre.

Des accusations concernant les présumées pratiques défaillantes en matière de sécurité faisaient l'objet de nombreuses rumeurs chez Nationair

La ligne aérienne faisait souvent voler des avions en mauvais état ont par la suite révélé de nombreux reportages. Transport Canada connaissait cette pratique.

Les pneus problématiques devaient être changés plusieurs jours avant la tragédie: ils étaient usés et trop peu gonflés. Toutefois, d'autres problèmes au niveau des ailes et du radar ont eux-mêmes retardé le changement des pneus. Une mauvaise disposition de la clé de l'entrepôt à pneus a aussi été pointée du doigt.

Ottawa a ouvert une enquête qui a conclu, en 1998, que Nationair était affecté par de nombreux problèmes, notamment au niveau de l'entretien.

«Ma soeur tenait un journal, a relaté Mme Colacci. Elle avait écrit à quel point elle avait peur des problèmes de sécurité de Nationair.»

Dans son journal, elle raconte notamment comment des réparations étaient effectuées à la va-vite, comment des trous dans la zone des toilettes étaient bouchés avec des matériaux de fortune.

«Elle s'apprêtait à quitter parce qu'elle savait qu'un événement malheureux pouvait survenir.»

«Nous n'avons jamais rien reçu de Nationair», a relaté Mme Colacci.

«Même pas des excuses.»