Le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, se porte à la défense de Stephen Harper qui fait l'objet selon lui d'une «campagne de peur» de la part de Gilles Duceppe. Loin de lui en vouloir pour cette attaque, le chef bloquiste s'est empressé d'appuyer toutes les revendications de l'ADQ à l'égard du fédéral.

M. Dumont, qui ne cache pas sa fidélité au Parti conservateur sur la scène fédérale, a décidé d'intervenir dans la campagne électorale au cours d'une conférence de presse, hier. Et il a braqué ses canons sur le Bloc.

Mario Dumont trouve «franchement ridicule» que le chef bloquiste compare M. Harper au président américain George W. Bush. Gilles Duceppe a affirmé que les conservateurs, comme les républicains, militent pour «la libre circulation des armes à feu, pour la censure, et voudraient retirer aux femmes des droits acquis de haute lutte». Ces attaques injustifiées doivent cesser, selon Mario Dumont.

«Le parti qui, dans ses carnets historiques, a tellement dénoncé le coup de la Brink's et les campagnes de peur sur les pensions de vieillesse commence sa campagne avec les grandes déclarations terrorisantes. Le Bloc québécois devrait revenir sur des enjeux québécois plutôt que de se lancer là-dedans», a-t-il affirmé.

Mario Dumont se fait toutefois beaucoup plus indulgent à l'égard de M. Harper, qui diffuse des publicités controversées au sujet du chef libéral Stéphane Dion. «La publicité négative est utilisée» dans toutes les campagnes électorales, mais la stratégie de Gilles Duceppe, qui agite des «épouvantails à moineaux», est bien pire, a-t-il expliqué.

Au cours de sa conférence de presse, Mario Dumont a présenté une liste de priorités qu'il souhaite voir adoptée par les partis fédéraux, dont la reconnaissance constitutionnelle de la nation québécoise et l'encadrement du pouvoir fédéral de dépenser. Mais peu importe la réponse des partis, son choix est fait depuis longtemps: il votera une fois de plus pour le Parti conservateur. «Le Canada a connu des années de centralisation, et soudainement, un parti a montré du respect à l'égard de l'autonomie des provinces. C'est bon pour le fonctionnement du Canada et du Québec», a-t-il affirmé pour justifier son choix.

Duceppe en appelle à l'ADQ

De passage à Victoriaville, le chef bloquiste a appuyé sans réserve les demandes de M. Dumont, estimant toutefois que ce dernier fait fausse route en donnant son appui à Stephen Harper.

«Je suis entièrement d'accord avec le genre de demandes qu'il fait. Ça va dans le sens de ce qu'on réclame. M. Dumont fait peut-être le mauvais choix», a dit M. Duceppe.

«M. Harper, la plupart de ces choses-là, il s'y oppose, a ajouté le leader bloquiste. Demander de régler le déséquilibre fiscal, c'est donc dire qu'Harper ment quand il dit que c'est réglé. Limiter le pouvoir de dépenser, Harper ne l'a pas fait. Soustraire le Québec de la loi sur le multiculturalisme, c'est le Bloc qui a proposé ça. Harper s'y oppose.»

La liste de demandes de l'ADQ vient «confirmer», selon M. Duceppe, que le Bloc est le seul parti qui défend les intérêts des Québécois, peu importe leurs allégeances politiques.

«Je dis depuis plusieurs discours que le Bloc est porte-parole non seulement des souverainistes, mais des larges consensus qui existent au Québec», a-t-il expliqué.

M. Duceppe a même lancé un appel au chef de l'ADQ: «M. Dumont sait où me joindre, s'il veut que quelqu'un fasse ses demandes à Ottawa, qu'il fasse appel à nous. Ça tomberait bien. On le fait déjà.»

Ce n'est pas la première fois que Mario Dumont écorche le Bloc et donne un coup de main au Parti conservateur en pleine campagne fédérale. Aux élections de 2006, M. Dumont avait publié une lettre ouverte pour accuser le Bloc québécois d'être un «véritable boulet pour le Québec» et pour condamner la «corruption libérale» illustrée par le scandale des commandites.