Le 4 novembre prochain, les États-Unis désigneront leur 44e président. La présente élection pourrait, on le sait, changer la face du monde. Jamais l'attention du monde entier n'a été tournée aussi intensément vers le processus électoral américain. Les passionnantes présidentielles de 2008 constituent vraiment un moment privilégié de l'histoire américaine... et fait déjà rêver l'Amérique.

Les conventions nationales des partis démocrate et républicain des dernières semaines auront permis de mieux palper l'énergie et l'enthousiasme des troupes en vue du fameux duel Obama-McCain.

Dans le stade de football où Obama a prononcé son discours, on avait l'impression d'assister à un concert rock où les 80 000 billets disponibles se sont envolés à la vitesse de l'éclair. Il mène une campagne nouveau genre et ravive l'intérêt des Américains pour la politique. Il mobilise beaucoup les jeunes entre 18 et 29 ans, soit le cinquième de la population en droit de voter. Dans l'aréna du héros de guerre du Vietnam McCain, il y avait plusieurs sièges vides parmi les nombreux participants qui vouent un véritable culte à la guerre et se déplacent à l'aide de fauteuils roulants et de marchettes. Les mots "forage", "guerre", "Dieu" et "Amérique" donnent des frissons à ces partisans. Ils se mettent à hurler comme dans un combat de lutte lorsque l'un des leurs les utilise. Oui, l'usure du pouvoir se faisait même sentir dans les gradins!

Issu du Grand Old Party et incarnant le cool à l'ancienne, le matricule "624787" est aujourd'hui un peu dépassé. Il préfère présenter sa biographie de prisonnier de guerre, alors que le pays a besoin de solutions concrètes pour relever son économie. Il est très loin des préoccupations de la classe moyenne ouvrière. Obama, lui, est doté d'une confiance en soi et d'un charisme exceptionnels. Le sénateur de l'Arizona (McCain), à 72 ans, serait le plus vieux président à entrer pour la première fois à la Maison-Blanche. L'homme aura beau ne manquer ni d'aplomb ni de conviction et pouvoir compter sur le vote religieux, on voit le genre de changement que cela peut réellement amener. Il suffit de se rappeler qu'il a supporté les politiques de Bush plus de 90 % du temps. Donc voter pour McCain serait comme offrir un troisième mandat à George W. Bush. Le plus grand risque dans cette élection serait de croire qu'en essayant les mêmes vieilles politiques avec les mêmes vieux joueurs, on récolte un résultat différent!

Face à lui, le sénateur de l'Illinois (Obama) a fait du changement son credo. Il axe son discours sur la revitalisation de la société américaine et l'avènement d'une nouvelle génération, ce qu'il incarne particulièrement bien. À 47 ans (le deuxième plus jeune après Kennedy s'il est élu à la présidence), il serait le premier Noir à accéder à la magistrature suprême.

Les trois débats présidentiels télévisés (26 septembre, 7 et 15 octobre) permettront de constater comment Obama pourrait changer l'Amérique. Il devrait l'emporter encore une fois sur le plan du style et de l'inspiration. Ses idées et sa vision concernant l'assurance-maladie, les réductions d'impôt pour la classe moyenne et l'éducation devraient en séduire plusieurs. Après le passage des différentes tempêtes tropicales, la révolution Obama, ce puissant vent de changement, semble maintenant vouloir souffler enfin sur l'Amérique pour de bon.

Alain Senécal, Granby