Nicolas Sarkozy devrait prendre la parole devant l'Assemblée nationale qui sera réunie plus tôt que prévu en octobre, une première pour un président français au Québec.

M. Sarkozy, qui sera en mission officielle au Québec pour le Sommet de la francophonie, à la mi-octobre, doit se trouver devant les députés québécois le vendredi 17 octobre. Pour permettre cette intervention, la Chambre sera appelée pour une séance extraordinaire, puisque selon le règlement, les députés ne rentraient au travail que le troisième mardi d'octobre, le 21.

Hier, à la sortie d'une rencontre de plus d'une heure avec le premier ministre Jean Charest, le chef de l'opposition, Mario Dumont, a confirmé le projet d'intervention pour le président français, et souligné qu'il l'approuvait sans réserve. Il est resté vague toutefois sur les détails, se contentant d'indiquer que M. Charest aurait prochainement une annonce à faire à ce sujet. «On souhaiterait que le président Sarkozy puisse s'adresser à l'Assemblée () c'est un grand honneur pour Québec et le Québec», a souligné l'adéquiste.

Le président Sarkozy sera le premier chef de l'État français à s'adresser à l'Assemblée nationale. Jusqu'ici, des premiers ministres, Laurent Fabius (1985), Pierre Mauroy (1982) et Raymond Barre (1979) avaient eu le même privilège. Le premier ministre grec, Andreas Papandreou (1983) et l'Haïtien Paul Magloire en 1955 avaient eu le même traitement.

Impasse

Le passage du président Sarkozy relance avec plus d'acuité le problème du choix d'un nouveau président pour l'Assemblée nationale, une décision rendue nécessaire par la démission de ce poste du libéral Michel Bissonnet, député de Jeanne-Mance.

À ce sujet «il y a une forme d'impasse» qui perdure, a souligné M. Dumont, et des développements devront survenir «d'ici une couple de semaines».

Selon M. Dumont, le premier ministre Charest a bousculé les règles en proposant le député Yvon Vallières comme président sans consulter les autres partis. M. Vallières a été élu dans Richmond depuis 1973. À la sortie du caucus de ses députés, il y a deux semaines, M. Dumont avait qualifié de «goon», de matamore trop partisan, le député Vallières. «Je n'ai rien à ajouter ou soustraire aujourd'hui. Il y a un certain nombre de députés libéraux qui n'ont pas dans leur revue de presse des attaques constantes sur le parti qui est en face. M. Bissonnet n'avait pas cela dans sa revue de presse. M. Vallières a cela», a précisé M. Dumont.

L'ADQ veut «éviter une confrontation» qui ferait qu'un éventuel président ait à se passer de l'appui de l'ADQ ou du PQ. Le futur président devrait avoir un appui plus «arc-en-ciel» venu des trois formations politiques, a-t-il souligné. «On veut une élection la plus consensuelle possible. Il faut que celui qui soit retenu ait la confiance de l'Assemblée et toute l'autorité voulue, a dit M. Dumont. On veut éviter que la rentrée se passe sur un fond de crise. Quand des gens perdent leur emploi, il y a bien d'autres choses à régler que la présidence de l'Assemblée nationale», a-t-il souligné.

Lors de la rencontre, M. Charest a aussi indiqué qu'il comptait annoncer cet automne une série de mesures pour favoriser l'essor économique du Nord-du-Québec. «Le gouvernement a des projets, un plan de développement qui a déjà été annoncé. Pour moi, avec les nuages qu'on voit sur l'économie, c'est le moment idéal pour annoncer ce genre de projets», a dit M. Dumont.