La décision du ministre de la Santé, Yves Bolduc, de suspendre l'implantation de centres d'injection supervisés lui attire les foudres du milieu communautaire. Une dizaine d'organismes ont demandé, hier, au ministre de revenir sur sa décision. Le président du conseil d'administration du CSSS Jeanne-Mance a également envoyé une lettre au ministre pour lui demander de changer d'idée, a appris La Presse.

«Il y a 12 000 utilisateurs de drogue injectable à Montréal et 25 000 au Québec. Le besoin pour des centres d'injection supervisés est là», affirme la directrice du groupe l'Anonyme, Nicole McNeil.

Sur le terrain

À bord de leur roulotte, les intervenants de l'Anonyme sillonnent chaque soir les rues de Montréal pour offrir de l'aide aux jeunes sans-abri et aux délinquants. «Nous invitons le ministre à venir nous rencontrer pour voir les besoins sur le terrain», ajoute Mme McNeil.

En entrevue la semaine dernière avec La Presse, le ministre Bolduc avait dit vouloir prendre le temps d'analyser la pertinence d'installer des centres d'injection supervisés. Selon lui, l'efficacité de ces lieux n'a pas été prouvée. «Si c'est si efficace, pourquoi n'y a-t-il qu'un seul centre d'injection supervisé au pays?» avait-il demandé.

Selon Mme McNeil, plusieurs recherches ont démontré les bienfaits de tels lieux. «La consommation de drogue dans les lieux publics diminue. Le nombre de seringues qui traînent dans les quartiers diminue de 60% et les cas d'overdose diminuent aussi», plaide-t-elle. Les centres d'injection sont également un bon moyen de tisser des liens avec une clientèle isolée.

En plus des groupes communautaires, le directeur du conseil d'administration du centre de santé et de services sociaux (CSSS) Jeanne-Mance, Ron Rayside, a écrit une lettre au ministre Bolduc lui demandant de réviser sa décision. «Il y a 15 ans, nous avons fait un pas en avant comme société responsable en instaurant un système de récupération et d'échange de seringues usagées. Bien que cette pratique ait soulevé des questions au début, il s'agit aujourd'hui d'un acquis permettant d'éviter de nombreux incidents. Il faut maintenant aller plus loin», écrit M. Rayside.