Le premier ministre Jean Charest a traité Mario Dumont de menteur, mardi, en rapport avec le processus de nomination du futur président de l'Assemblée nationale.

Comme si ce n'était pas suffisant, il a jugé que le chef de l'opposition avait fait preuve de malhonnêteté et de mauvaise foi dans ce dossier.

Vu la popularité du député de Richmond, Yvon Vallières, des deux côtés de la Chambre, et ses années de service, les libéraux de Jean Charest croyaient presque que sa candidature au poste prestigieux de président de l'Assemblée nationale passerait comme une lettre à la poste.

Mais Mario Dumont est venu contrarier les plans du premier ministre, lundi, en affirmant qu'il contestait ce choix, notamment parce qu'il n'avait pas été consulté en temps et lieux.

«Essentiellement, ce que l'ADQ a fait hier, c'est mentir. C'est présenter une situation fausse à la population», a dit un Jean Charest piqué au vif, en point de presse, à l'entrée d'une réunion du caucus des députés libéraux.

M. Charest n'a par pailleurs pas du tout apprécié que M. Dumont se soit abaissé à proférer ce qu'il a qualifié de «grossièretés», en traitant M. Vallières de «goon».

En fin de journée, le leader parlementaire adéquiste, Sébastien Proulx, a réagi en disant que le premier ministre faisait preuve de «mépris» et d'«arrogance» envers Mario Dumont.

Selon lui, M. Charest a cherché à «imposer son candidat» à l'opposition. «C'était à prendre ou à laisser», déplore M. Proulx, en disant que son parti demeurait ouvert à la discussion.

Le gouvernement doit obtenir l'appui des partis d'opposition pour nommer un successeur à Michel Bissonnet, à temps pour la rentrée parlementaire du 21 octobre, et le dossier semble mal enclenché.

À la grande surprise des libéraux, le chef de l'Action démocratique du Québec (ADQ) juge que M. Vallières a fait preuve de trop de partisannerie au cours de la dernière année pour mériter ce poste.

Lundi, en conférence de presse, M. Dumont a qualifié le député de Richmond de «goon», en ce sens qu'il se serait livré, selon lui, à plusieurs attaques personnelles en le traitant de «girouette», notamment, devant les médias.

Voilà «une grossièreté comme j'en ai rarement entendu en politique», a commenté le premier ministre.

Le 1er août, lors d'une réunion du caucus libéral à Sherbrooke, la candidature de M. Vallières avait fait l'unanimité au sein des troupes.

Le soir même, La Presse Canadienne révélait l'information et Mario Dumont n» a pas apprécié le fait d'avoir appris cette candidature par l'intermédiaire des médias et de ne pas avoir été consulté plus tôt.

C'est quatre jours après le caucus libéral, soit le 5 août, que le chef de cabinet de M. Charest, Daniel Gagnier, a contacté le chef de cabinet du leader parlementaire de l'opposition, Pierre Brien, pour lui indiquer que le député de Richmond serait le candidat libéral.

Les deux hommes avaient convenu de s'en reparler après le caucus adéquiste, qui a pris fin mardi à Saint-Michel-des-Saints.

M. Charest a dit qu'il avait abordé cette question avec la chef péquiste, Pauline Marois, et qu'il chercherait malgré tout à s'entretenir avec M. Dumont, pour favoriser la nomination de son député, un des doyens de l'Assemblée nationale, élu pour la première fois en 1973.

Mais «disons que la discussion commence mal quand on choisit délibérément d'attaquer la crédibilité d'un homme qui s'est fait élire pour la première fois il y a 35 ans et qui est reconnu universellement comme étant un homme d'intégrité», a-til commenté.

Il soupçonne même son rival de vouloir prendre tous les moyens pour bloquer le fonctionnement de l'Assemblée nationale.

Le principal intéressé a dit qu'il n'avait rien à se reprocher et qu'il demeurait candidat.

«J'ai toujours exercé mes responsabilités dans le plus grand respect de mes collègues, incluant mes collègues de l'opposition», a déclaré M. Vallières, qui dit vouloir jouer «un rôle de rassembleur».

Pour exercer ses fonctions sans contrainte, le président de l'Assemblée nationale doit avoir le respect et la confiance de tous les parlementaires et être perçu comme étant quelqu'un capable de s'élever au-dessus des querelles partisanes.