Les policiers de Saguenay ont effectué une importante saisie de près de 1300 plants de marijuana dans une serre hydroponique artisanale et dans deux résidences adjacentes hier matin à Lac-Kénogami.

De la route de VTT, on aurait pu croire qu'il s'agissait d'un simple garage en construction. En s'approchant un peu plus près, on pouvait remarquer que le bois de la toiture était déjà bien vieilli, presque pourri, et les clous rouillés. Sous la structure presque abandonnée, le travail allait pourtant bon train: 650 plants de marijuana poussaient dans sept salles bien chauffées, bien ventilées et bien arrosées. Une huitième salle était en construction.

Il y a une semaine, des citoyens ont senti la forte odeur qui se dégageait de la structure et ont averti les autorités de leurs soupçons. Après une première vérification avec un mandat général, les policiers ont pu se rendre à nouveau sur les lieux hier avec trois mandats de perquisition.

À leur arrivée, le propriétaire du terrain et des deux maisons adjacentes, situées au 5980 et 6000 route de Kénogami, se trouvait près du garage. Les policiers ont arrêté le sexagénaire, qui s'est montré très collaborateur. Ils sont ensuite aller visiter ses deux résidences, une centaine de mètres plus loin.

Au 5980, les agents ont découvert le locataire de la maison, sa conjointe... ainsi que 648 boutures de plants, trois sacs à vidange remplis de marijuana et deux sacs de cocottes. La résidence délabrée en briques blanches, semblable à celle voisine où habitait seul le propriétaire, servait de "pouponnière" et de séchoir: les jeunes plants y amorçaient leur croissance avant d'être transférés dans la serre, alors que ceux arrivés à maturité étaient séchés et apprêtés pour la vente.

Pour alimenter la serre en eau, un tuyau avait été installé entre la résidence du 6000 et le garage. Des branches de sapin servaient à le cacher, tout en aidant à masquer l'odeur de marijuana.

L'électricité de la serre provenait du 5980. Selon les électriciens dépêchés par la sécurité publique, les suspects avaient branché des fils directement sur le poteau d'Hydro-Québec afin de détourner du courant sans passer par la boîte électrique. Les électriciens estiment que le travail dans la maison et la serre a été effectué par des professionnels, bien que la grande quantité d'énergie utilisée rendait dangereuse l'installation artisanale.

"Exceptionnel"

Le sergent Marc Sénéchal, de la section des projets spéciaux de la Sécurité publique de Saguenay, a été impressionné par les installations que son équipe et lui ont découvertes hier. "C'est très, très exceptionnel. C'est très rare qu'on voie ça. Je suis convaincu que c'est lié au crime organisé", a-t-il expliqué aux journalistes hier après-midi, lors de la visite dans la serre organisée pour les médias.

L'installation hydroponique avait en effet de quoi impressionner: gicleurs avec minuterie pour l'arrosage, échangeurs d'air, ventilateurs, isolation, ampoules 1000 watts avec réflecteurs de lumière. Chaque salle accueillait une série de plants, classés selon leur degré de maturation. Les plus gros plants saisis atteignaient plus de six pieds.

La Sécurité publique de Saguenay évalue la valeur de la marijuana selon les prix de vente dans la rue, soit entre 1000 et 1200$ par plante. La verdure saisie vaudrait ainsi entre 1,3 et 1,56 M$. Les plants seront prochainement brûlés.

Les policiers ne savent pas depuis quand la serre hydroponique était en activité. Le propriétaire n'avait pas obtenu de permis de la ville pour construire le garage.

Les trois individus ont été interrogés par les policiers hier. Ils devaient ensuite être libérés, sous promesse de comparaître. Aucun d'eux n'avait d'antécédent judiciaire en lien avec les stupéfiants.

Voisins surpris

Interrogés par Le Quotidien, des citoyens du secteur ont été très surpris d'apprendre que leurs voisins étaient soupçonnés de tremper dans le crime organisé. Selon les informations recueillies, le propriétaire des maisons est un retraité originaire de Jonquière, ancien professeur devenu assisté social. Ses voisins le décrivent comme un homme "gêné", bien qu'aimable et respectueux. Le seul doute sur l'honnêteté du sexagénaire a été éveillé par l'achat d'une camionnette flambant neuve, qu'il disait avoir pu se payer avec sa pension de retraite.

Son locataire, originaire de Québec, habitait la maison voisine depuis moins de deux ans. Sa conjointe n'avait jamais été vue par nos interlocuteurs.