Ayant purgé presque 16 ans d'une peine de prison à perpétuité pour meurtre, Michèle Brouillette, une femme de 51 ans qui admet maintenant ses problèmes de santé mentale, pourra s'adresser à un jury dans l'espoir de hâter sa libération conditionnelle.

C'est ce que le juge de la Cour supérieure James Brunton a décidé, hier, au terme des plaidoieries qui lui ont été faites par l'avocate de l'accusée, Sandra Brouillette (sans lien de parenté), et le procureur de la Couronne, Thierry Nadon. Ce dernier plaidait cependant pour le rejet de la requête, estimant que madame n'avait pas de «possibilité réelle» de gagner son point devant un jury. Me Nadon croit que Mme Brouillette représente toujours un danger pour la société, et relève le fait que dans le passé, elle a déjà dressé une liste de 40 personnes à tuer parce que celles-ci l'avaient humiliée.

Le crime pour lequel elle a été condamnée s'est produit le 10 juillet 1992. Ce jour-là, Michèle Brouillette s'était rendue avec un complice chez Roger Martel, un résidant de la rue Beaubien qu'elle connaissait et à qui elle en voulait. Après avoir drogué l'homme de 67 ans à son insu, elle l'avait abattu de trois balles. Son complice, Daniel Cook, et elle avaient ensuite volé la victime et fait des achats sur sa carte de crédit. Le couple a été épinglé dans la région de Halifax moins de deux mois plus tard. Chacun rejetait la faute sur l'autre, et ils ont eu des procès séparés. Tous deux ont été condamnés pour meurtre prémédité.

Hier, Me Nadon a fait valoir que 16 ans après le crime, Mme Brouillette ne démontre ni regret ni remords, et traite toujours sa victime de «pourri». Il a soulevé le fait qu'elle n'a pas d'encadrement ni de plan solide pour sa sortie de prison. En fait, elle compterait partir pour la Belgique afin de rejoindre un correspondant qu'elle a connu par les petites annonces.

L'avocate de Mme Brouillette a de son côté fait valoir que la criminalité de sa cliente était directement liée à des problèmes de santé mentale qu'elle traîne depuis l'enfance. Elle souffrirait de psychose maniacodépressive. L'aspect positif, c'est que depuis huit ans, elle admet son état et accepte de prendre ses médicaments. Par ailleurs, selon l'avocate, elle a fait de réels efforts depuis son incarcération pour poursuivre ses études et entreprendre une formation professionnelle.

Le juge Brunton a conclu que son cas méritait d'être soumis à un jury composé de 12 citoyens. La cause de Michèle Brouillette sera entendue à partir du 28 octobre, au palais de justice de Montréal.