Les militaires canadiens déployés en Afghanistan disposeront bientôt de leurs propres hélicoptères, a annoncé hier le ministre de la Défense, Peter MacKay. Ottawa espère ainsi réduire le nombre de soldats qui tombent sous les bombes des talibans.

Dès l'automne, les Forces canadiennes recevront six hélicoptères civils MI-8, de fabrication russe, loués un an pour 36 millions de dollars à la société Skylink Aviation, de Toronto. Ces appareils commerciaux seront équipés d'un blindage léger ainsi que d'un système de défense.

«C'était les seuls hélicoptères disponibles rapidement», a expliqué M. MacKay en conférence de presse, hier matin, à la base du 438e escadron tactique d'hélicoptères de Saint-Hubert.

Ottawa entend ainsi combler les besoins immédiats de son armée en attendant la livraison, en février 2009, de six hélicoptères ChinookD, achetés d'occasion au gouvernement américain pour 292 millions de dollars.

Jusque-là, les Canadiens étaient tributaires de leurs alliés américains ou britanniques lorsqu'ils voulaient emprunter la voie des airs. «Il fallait toujours demander de l'aide au quartier général de l'OTAN lorsqu'on avait besoin d'un hélicoptère. Ce n'était pas très pratique», a dit le lieutenant-colonel Duart Townsend, de l'état-major de la Défense nationale.

L'officier a expliqué que ces hélicoptères devraient faciliter et sécuriser le ravitaillement des postes militaires situés à l'extérieur de Kandahar et donc réduire le nombre d'attaques au sol. Un grand nombre des 88 soldats canadiens morts en Afghanistan ont été victimes de bombes artisanales déclenchées lors du passage de leurs convois.

Selon Thomas Adams, chargé des études stratégiques au Conseil international du Canada (un groupe de réflexion de Toronto), ces appareils devraient en effet permettre de sauver des vies de soldats ainsi que du matériel.

«Les personnes que l'on combat en Afghanistan n'ont pas les moyens d'obtenir des lance-roquettes (capables d'atteindre des hélicoptères en plein vol)», a estimé M. Adams.

«Avec les années, on a vu s'améliorer sensiblement la composition des bombes artisanales des talibans, a toutefois rappelé Yves Bélanger, directeur du Groupe de recherche sur l'industrie militaire et de sécurité de l'UQAM. Chaque fois, ils se sont adaptés aux progrès technologiques de leurs adversaires. Il ne faut donc présumer de rien.»

Pour les deux analystes militaires, l'annonce faite par le gouvernement canadien respecte à la lettre les recommandations du rapport Manley. Ce document, produit par un groupe de chercheurs indépendants, conseillait notamment l'acquisition d'hélicoptères et de drones, ces avions sans pilote qui permettent de scruter discrètement les territoires ennemis.

Hier, M. MacKay a d'ailleurs annoncé que l'armée avait également loué des drones pour deux ans, au coût de 109 millions de dollars.

«Maintenant que ces deux grandes recommandations ont été retenues, le Canada a plus de légitimité pour rester en Afghanistan», a dit M. Adams.