Au Marché de Hull, où elles sont des habituées depuis un bout déjà, elles sont faciles à repérer. Même en pleine chaleur, elles sont tout de noir vêtues, ces soeurs du Saint Monastère Vierge Marie la Consolatrice, à Brownsburg-Chatham. De la tête aux pieds, avec un foulard sur la tête qu'ailleurs on appellerait hidjab.
Au Marché de Hull, où elles sont des habituées depuis un bout déjà, elles sont faciles à repérer. Même en pleine chaleur, elles sont tout de noir vêtues, ces soeurs du Saint Monastère Vierge Marie la Consolatrice, à Brownsburg-Chatham. De la tête aux pieds, avec un foulard sur la tête qu'ailleurs on appellerait hidjab.
Elles, c'est un peu dans le travail qu'elles trouvent leur Dieu et pour assurer des revenus à leur monastère créé il y a 15 ans, en 1993, elles se sont lancées dans le fromage. Puisqu'elles observent le rite grec orthodoxe créé en 1993, quoi de plus naturel que de faire de la feta, ce fromage traditionnel réalisé à partir de lait de brebis ou de chèvre, ou d'un mélange des deux.
(On le repère facilement : il est conservé dans une eau salée, la saumure, et se vend en bloc. Par ailleurs, si le mot "feta" est féminin dans "la majorité des dictionnaires", précise l'Office québécois de la langue française. Mais il est "généralement employé au masculin au Québec, probablement par référence au générique fromage ".)
Au début, ces fetas servaient à leurs propres besoins. Elles en offraient de petites bouchées à leurs visiteurs, qui en ont vite demandé davantage. De fil en aiguille, c'est devenu une production commerciale de petit volume, mais officiellement reconnue par le ministère de l'Agriculture. En 2002, elles avaient une centaine d'animaux dont elles recueillaient quotidiennement le lait. C'était leur "Troupeau béni", le nom qu'elles ont donné à leur gamme de produits. "Mais c'était trop d'ouvrage, explique soeur Savina. Un éleveur de Lachute nous a racheté le troupeau et nous lui achetons le lait en retour."
Des plats préparés
Les 23 nonnes se concentrent sur la transformation, la culture de certains aliments comme les concombres, les plats préparés... et la vente au détail.
Car elles ont le sens des affaires, ces religieuses. Elles ont bien constaté, comme d'autres, que les gens cuisinent moins qu'avant. Elles offrent donc des plats traditionnels grecs comme la moussaka, du tzatziki (yogourt aromatisé à l'ail et au concombre), des spanakopita (triangle de pâte phyllo fourrés d'épinards), des baklawas (pâtisserie de pâte phyllo au miel et aux noix, préférablement des pistaches, populaire tout autour de la mer Méditerranée), etc.
Le Marché de Hull n'est pas leur seul point de vente. Outre au monastère (prière de se vêtir sobrement si vous visitez) aménagé sur une terre de 230 acres, les soeurs sont aussi aux marchés de Val-David, de Rosemère, d'Hudson et de Tremblant, les samedis. En équipe de deux, ce sont toujours les mêmes qui tiennent les comptoirs à chaque endroit. Comme soeur Savina qui vient au Marché de Hull à tous les jeudis.
Pour le reste, "les tâches changent à chaque semaine, pour éviter la monotonie et pour que nous sachions toutes comment faire toutes les tâches".
Elles viennent de partout. Soeur Savina est d'origine libanaise, mais ses consoeurs sont de France, des États-Unis, du Mexique, de Russie, du Québec aussi. Le travail de la terre et en cuisine les a-t-elles rapprochées du Seigneur ? "Nous pouvons prier en travaillant."
N'est-ce pas une partie du Ciel qu'elles gagnent tout en nourrissant les âmes et les appétits des gens d'ici ?
pjury@ledroit.com
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