Léon Lapierre a failli perdre son fils et sa petite-fille dans la rupture d'une digue de la mine Opémisca à Chapais, le 23 juin dernier.

Il croit que la catastrophe était très prévisible et évitable, lui qui pendant 15 ans a été responsable de la surveillance de bassins de sédimentation miniers.

Le véhicule dans lequel se trouvaient l'homme et la fillette de 5 ans a été emporté par le coup d'eau. «Ils ont eu la peur de leur vie, dit M. Lapierre. Ils étaient sûrs de mourir. Mon fils a pu sortir en premier. Un arbre a cassé sa vitre et il a pu aller sauver sa fille qui était attachée sur la banquette arrière.»

Tout cela aurait pu être évité, croit-il, avec une surveillance plus étroite du bassin de la mine Opémisca, fermée en 1991 et sous responsabilité provinciale depuis 2002. «Tout le monde, le gouvernement y compris, savait que cela pouvait se produire en tout temps, a-t-il dit à La Presse. Ce n'est pas pour mille et une raison que cet accident est survenu, mais à cause du manque d'inspection du gouvernement.»

«Je suis un ancien employé de mine à la retraite alors je sais de quoi le parle, a-t-il précisé. J'avais trois mines à surveiller pour l'environnement et on a toujours eu des problèmes de castors. Pendant toutes ces années, je ne sais combien de dizaines de digues de castors j'ai dû détruire parce qu'ils bouchaient les conduits d'évacuation de l'eau.»

«L'eau ne pouvant plus s'évacuer, elle remplit le bassin à pleine capacité et il déborde. Et c'est ce qui s'est passé à Chapais.»

En effet, selon certains témoins, dont le maire de Chapais, des castors avaient obstrué le canal d'évacuation de la mine Opémisca. Le bassin s'est rempli à la faveur de fortes pluies et la digue a cédé. L'eau a emporté une partie de la route 113 et arraché des arbres sur une longueur de 4 km, en plus de polluer un ruisseau et deux rivières.

M. Lapierre a critiqué le régime actuel de surveillance des bassins miniers sous la responsabilité de l'État. Il y en aurait une centaine au Québec et ils sont inspectés aux deux ans. «Le régime de surveillance actuel n'est pas fort, je l'ai toujours dit.»