Les fabricants de biscuits, de pogos, de vinaigrettes et d'autres aliments préparés seront bientôt tenus d'indiquer sur les étiquettes de leurs produits si ces derniers contiennent des noix, du lait, des oeufs, du gluten, des sulphites ou d'autres substances allergènes.

Ottawa espère ainsi faciliter la vie des consommateurs forcés de suivre un régime particulier et qui doivent lire entre les lignes pour savoir si les aliments qu'ils mangent sont dangereux pour eux, a expliqué mercredi le ministre de la Santé, Tony Clement.

Actuellement, les allergènes contenus dans les mets préparés ne sont pas nécessairement identifiés. Ainsi, le fabricant n'est pas tenu de dire de quelle céréale provient l'amidon qu'il utilise ou quelle est la source des «saveurs» qu'il ajoute aux petits plats qu'il commercialise.

«Les nouvelles exigences d'étiquetage proposées fourniront aux Canadiens l'information nécessaire pour gérer leurs allergies et rassureront les parents au sujet des aliments qu'ils donnent à leurs enfants allergiques», a souligné M. Clement lors d'un point de presse auquel avaient été invités quelques bambins et leur mère.

Les normes envisagées visent les produits alimentaires préemballés, qu'ils soient fabriqués au Canada ou importés. Elles devraient entrer en vigueur d'ici quelques mois, après une consultation auprès de l'industrie. Les manufacturiers auront un an pour s'y conformer.

Les fruits et légumes, les aliments en vrac, les sandwiches vendus dans des distributrices ainsi que les viandes cuites à la broche, rôties ou grillées en magasin seront exemptées du règlement.

Il importe aussi de noter que les normes visent les allergènes intégrés volontairement à un mets, et non ceux qui pourraient s'y trouver par accident.

Pour se protéger de la contamination croisée, les personnes allergiques devront continuer de se fier aux mises en garde telles que «ce produit peut contenir des noix ou des traces de noix» ou «ce produit a été fabriqué dans un établissement qui transforme aussi des noix».

L'annonce du fédéral a été généralement bien accueillie. La présidente de la Fondation québécoise de la maladie coeliaque, Irène Marcheterre, croit qu'il s'agit d'une bonne nouvelle pour les personnes qui, comme elle, sont intolérantes au gluten, un allergène présent dans la plupart des céréales, dont le blé.

La fondation a précisé qu'il avait fallu sept ans d'efforts pour convaincre Santé Canada d'agir afin d'améliorer l'étiquetage des produits. Mme Marcheterre a indiqué qu'elle avait l'intention de suivre les consultations de près pour s'assurer que la législation est la plus efficace possible.

«Il y a beaucoup d'associations représentées ici, et il y a aussi un aspect économique. Pour les fabricants, ce sera une difficulté importante de s'adapter», a-t-elle fait valoir, après l'annonce faite dans les locaux du ministère, à Ottawa.

D'autre part, en plus de dévoiler son plan pour l'étiquetage, le ministre Clement a annoncé mercredi la tenue d'une vaste enquête sur la prévalence des allergies alimentaires. Cette enquête sera dirigée par des chercheurs des universités McGill et McMaster.

L'enquête s'appuiera sur un questionnaire remis à 9000 Canadiens de toutes les provinces et territoires. Les chercheurs espèrent pouvoir aider le gouvernement à mieux prévenir, diagnostiquer et gérer les troubles allergiques et les intolérances alimentaires.

On sait que la prévalence des allergies augmente au Canada et ailleurs dans le monde, mais les causes de ce phénomène demeurent obscures.