Il y a des cris et des chants d’oiseaux qu’on peut reconnaître facilement : le trille énergique du carouge à épaulettes, le croassement rauque de la corneille, le tchic-a-di-di-di de la mésange à tête noire. Mais les autres chants ? Quel oiseau module une délicate mélodie au petit matin ? Quel drôle d’oiseau sonne comme une vieille corde à linge ?

Il existe des applications qui permettent d’identifier les oiseaux à partir de leurs chants, comme Merlin Bird ID, Song Sleuth Bird Song Analyzer, BierNET, etc.

« Les applis fonctionnent un peu toutes de la même façon, elles comparent des sonogrammes, mais Merlin Bird ID est de loin la meilleure application pour identifier les chants d’oiseaux, affirme le directeur général du Regroupement QuébecOiseau, Jean-Sébastien Guénette. En plus, elle est rattachée à eBird : elle peut faire savoir quelle espèce on a le plus de chances de détecter pour une région donnée, pour la période de l’année donnée. »

Merlin Bird ID, une référence

La plupart des autres applications doivent comparer le chant qu’elles détectent à une banque de données complète de chants qui ne sont pas ajustés selon le lieu et la période.

L’application Merlin Bird ID a été développée par le Cornell Lab of Ornithology, une référence dans le monde de l’ornithologie. Quant à eBird, il s’agit d’une vaste base de données élaborée par le Cornell Lab of Ornithology et la National Audubon Society, un exemple de science citoyenne.

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L’application Merlin Bird ID comprend également des enregistrements de tambourinades de divers pics.

Évidemment, l’application Merlin Bird ID n’est pas parfaite, mais pour des ornithologues en herbe, c’est un outil particulièrement appréciable.

« J’ai fait quelques analyses non scientifiques et j’arrive à un taux de détectabilité d’environ 85 % par rapport à ce que mon oreille entend, raconte M. Guénette. Et de ce que l’application détecte, j’estime le succès d’identification à 80-85 %. »

Il suggère d’utiliser l’application dans n’importe quel parc-nature et de privilégier la matinée, avant 9 h 30 ou 10 h. Ou plus tôt, s’il fait très chaud.

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Le grand héron a un croassement rauque caractéristique.

Au test !

Je le prends au mot. J’arrive au parc Jean-Drapeau un peu après 7 h 30, en évitant soigneusement la fin de semaine du Grand Prix automobile.

Les oiseaux s’en donnent à cœur joie. Mais en portant attention à ce qu’on entend, on réalise que même au beau milieu d’un grand parc, il y a du boucan : des coups de marteau et une scie par ici, une voiture par là, une tondeuse à gazon d’un côté, des cyclistes qui bavardent d’un autre, un avion par en haut...

Étonnamment, l’application réussit à distinguer plusieurs chants d’oiseaux : un yellow warbler, un american redstart. Oups ! Je n’ai pas changé les paramètres de langue : il ne me faut que quelques secondes pour choisir le français et ainsi obtenir une paruline jaune et une paruline flamboyante.

Il y a d’autres oiseaux qui participent au concert, comme un cardinal rouge, un viréo aux yeux rouges et un bruant chanteur.

L’application met en surbrillance le nom et la photo de l’oiseau qui vient tout juste de chanter et j’apprends rapidement à faire la différence entre les divers chants. L’application offre des échantillons, ce qui permet de raffiner l’écoute.

Mais voilà, je ne vois toujours pas les petits chanteurs à plumes dans les bois de l’île Sainte-Hélène. Je me déplace discrètement en empruntant des sentiers peu fréquentés (autrement dit, je me prends en pleine figure des fils d’araignée tendus d’un côté à l’autre du sentier).

J’entends un autre chant, une sorte de pi-oui qui descend et remonte. L’application m’apprend qu’il s’agit du pioui de l’Est. Ben oui.

Enfin, je vois un petit éclair jaune dans les arbres. Ah, le voilà encore, un petit oiseau tout jaune. J’utilise Merlin Bird ID pour l’identifier. L’application me demande trois petites questions : la taille de l’oiseau (petit), sa ou ses couleurs dominantes (jaune), l’environnement où il se trouve (dans un arbre). Et hop, l’application me donne deux possibilités, à commencer par la paruline jaune. Voilà qui confirme l’identification par le chant.

Je continue à écouter, en me concentrant sur les différences entre la paruline jaune et la paruline flamboyante. Tellement que c’est à peine si je perçois le cri du goéland à bec cerclé et celui de la corneille : l’application ne les manque pas, elle.

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Le carouge à épaulettes est très, très vocal.

Je me déplace vers le bord de l’eau pour essayer d’entendre de nouveaux oiseaux. Effectivement, le carouge à épaulettes prend toute la place, aussi visible qu’audible. L’application me signale un petit blongios (un cousin du héron), mais je n’arrive pas à le détecter.

Je ne vois qu’une marmotte, bien sympathique mais pas très chantante.

La matinée avance, les oiseaux vont se faire plus discrets, c’est le temps de plier bagage.

Ah oui, pour les curieux : l’oiseau qui sonne comme une corde à linge, c’est le geai bleu !

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