Une clôture grillagée de trois mètres qui coupe le Palais des congrès du reste du monde n’est sans doute pas la meilleure façon de vendre les charmes de Montréal aux milliers de délégués étrangers qui participeront à la 15e Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15), mais l’industrie touristique de la métropole entend néanmoins profiter de la visite pour vendre les joies de l’hiver en ville.

Dans la grisaille de l’automne, le périmètre de sécurité qui entoure le Palais des congrès sur un peu plus de 1,5 km donne des airs pénitentiaires à l’édifice qui accueillera la COP15, du 7 au 19 décembre. Une impression à laquelle contribue la présence constante de véhicules policiers. Chose certaine, la place Jean-Paul-Riopelle et sa fontaine ont meilleure mine sur les cartes postales qu’on trouve dans les boutiques de souvenirs du Vieux-Montréal…

« J’ai fait le saut quand j’ai vu la clôture si haute, c’est vraiment pas beau », réagit Jean-Sébastien Boudreault, PDG de l’Association hôtelière du Grand Montréal (AHGM). Les alentours du Palais des congrès, ça devient comme la cicatrice de la COP à Montréal. »

Tourisme Montréal n’a pas été séduit non plus par cette clôture. Aurait-on pu privilégier une paroi plus agréable à la vue, sur laquelle afficher des photos ou des panneaux pour informer les passants sur les enjeux débattus à la Conférence ? « On a vite compris qu’on ne pouvait pas obstruer la vue des forces de l’ordre qui doivent observer ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur de la clôture », répond Manuela Goya, vice-présidente à Tourisme Montréal.

Une contrainte que la Gendarmerie royale du Canada, responsable de l’installation de la paroi métallique ajourée, refuse de commenter – et même de confirmer – « pour des raisons tactiques et de sécurité », écrit la porte-parole Tasha Adams.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le Palais des congrès est cerné de toutes parts par une haute clôture métallique peu hospitalière.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas une clôture inhospitalière, en place jusqu’à la mi-janvier, qui poussera Tourisme Montréal ou l’AHGM à se plaindre de la tenue en ville de la COP15. Même si tout ce chamboulement se traduit par cinq fois moins de chambres réservées que ce à quoi on s’attendait, avec autour de 20 000 nuitées confirmées sur les 100 000 espérées au moment de l’annonce, en juin, du déménagement à Montréal de la conférence d’abord prévue en Chine.

On verra bien ce que ça donnera en fin de compte, mais on parle quand même de retombées économiques estimées de 92 millions de dollars pour l’évènement qui va attirer entre 10 000 et 12 000 participants

Manuela Goya, vice-présidente à Tourisme Montréal

« Début décembre, c’est une des périodes les plus tranquilles pour les hôtels, rappelle M. Boudreault. Globalement, ça reste quelque chose de très positif pour la relance après deux ans de pandémie où ç’a été très difficile pour toute l’industrie touristique. »

  • Dans le cadre de Luminothérapie, la façade du pavillon Président-Kennedy de l’UQAM présente une partie la vidéoprojection NØRD, réalisée par Jason Rodi, une « réflexion poétique » sur la nordicité par l’entremise d’images tournées en Norvège.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Dans le cadre de Luminothérapie, la façade du pavillon Président-Kennedy de l’UQAM présente une partie la vidéoprojection NØRD, réalisée par Jason Rodi, une « réflexion poétique » sur la nordicité par l’entremise d’images tournées en Norvège.

  • Sur l’Esplanade de la Place des Arts, l’installation Iceberg, signée Appareil architecture et Atomic3, est devenue l’un des classiques de Luminothérapie, qui se poursuivra jusqu’au 5 mars.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Sur l’Esplanade de la Place des Arts, l’installation Iceberg, signée Appareil architecture et Atomic3, est devenue l’un des classiques de Luminothérapie, qui se poursuivra jusqu’au 5 mars.

  • Toujours sur l’Esplanade de la Place des Arts, les passants peuvent aussi voir Les diamants, une installation d’Alexis Laurence et Francis Laporte de Perséides studio.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Toujours sur l’Esplanade de la Place des Arts, les passants peuvent aussi voir Les diamants, une installation d’Alexis Laurence et Francis Laporte de Perséides studio.

  • Au square Phillips, Ingrid Ingrid propose effet domino, une expérience ludique qui allie lumière et musique.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Au square Phillips, Ingrid Ingrid propose effet domino, une expérience ludique qui allie lumière et musique.

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Donner le goût de l’hiver

La présence de milliers de touristes étrangers est même une occasion de vendre Montréal comme destination hivernale, estime le PDG de l’AHGM.

L’hiver fait partie de notre ADN et, avec les illuminations et les décorations de Noël, dans son ensemble, la ville sera très belle. Avec un peu de neige, ce serait encore mieux !

Jean-Sébastien Boudreault, PDG de l’Association hôtelière du Grand Montréal (AHGM)

L’essentiel sera de convaincre les délégués à la COP15 de s’éloigner du périmètre de sécurité pour explorer le Quartier chinois, le Vieux-Montréal et le Quartier des spectacles voisins, ajoute Manuela Goya, de Tourisme Montréal. « Les congressistes pourront sortir aisément et nous aurons un kiosque à l’intérieur du Palais des congrès pour les guider. »

La patinoire réfrigérée de l’esplanade Tranquille sera sans doute populaire auprès de visiteurs peu habitués à l’hiver, croit Mme Goya. « On n’y pense pas, les Montréalais, mais le patin est un très, très bon produit hivernal. »

Parmi les participants à la COP15, certains auront d’ailleurs plus de deux semaines pour profiter des restaurants, des commerces et des marchés de Noël du centre-ville. Ou pour admirer les multiples illuminations dans le cœur de la métropole, avec Cité Mémoire ou la 13e édition de Luminothérapie, par exemple. L’Alliance du centre-ville, qui réunit le Partenariat du Quartier des spectacles, la SDC Montréal centre-ville, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Tourisme Montréal et la Ville de Montréal, calcule qu’un demi-million de lumières brilleront dès la tombée de la nuit entre Atwater et Papineau, du fleuve à la rue Sherbrooke.

À quelques jours du début de la COP15, plus que la fameuse clôture, ce sont les manifestations et les risques de dérapage qui angoissent les représentants de l’industrie touristique. Tourisme Montréal ne s’oppose pas à la tenue des marches annoncées, au contraire. « On a besoin de la société civile, les enjeux sont tellement importants, précise Manuela Goya. Ce n’est pas en niant les problèmes qu’on va les régler. L’important pour nous, c’est que ça se fasse dans le calme et le respect des règlements. »

Reprise touristique

2022

À la fin de 2022, Montréal devrait avoir accueilli 8 millions de touristes, en nette progression par rapport à 2021 (3,9 millions de visiteurs), quand les déplacements étaient toujours très limités par les mesures sanitaires.

2023

La reprise touristique se poursuivra en 2023 et Tourisme Montréal s’attend à un total de 9,5 millions de visiteurs dans la métropole l’année prochaine. En 2019, 11 millions de touristes avaient visité Montréal.

– Tourisme Montréal