Le Madeleine, construit en Irlande en 1981, faisait la liaison entre Souris et Cap-aux-Meules depuis 1997. Après 24 années de service, le navire a été démantelé et remplacé par un traversier de 2018 acheté à la société maritime espagnole Naviera Armas. Baptisé le Madeleine II, il est arrivé aux Îles le 23 mars 2021. Moins polluant, moins énergivore, il a été acquis par le fédéral pour CTMA, la coopérative madeliniene qui assure le service de transport maritime des Îles-de-la-Madeleine depuis 1944.
L’équipage madelinot est allé chercher le Madeleine II aux îles Canaries en pleine pandémie. Les 30 membres d’équipage sont restés là-bas des semaines pour l’inspecter en cale sèche et l’apprivoiser ! La traversée des Canaries jusqu’à Cap-aux-Meules a duré 11 jours, avec une escale aux Bermudes pour le ravitaillement. Cela a permis de tester le bateau en pleine mer, avec des vagues de 6 m et des vents jusqu’à 60 nœuds (111 km/h), et constater que le bateau est « stable et performant », selon les capitaines aux commandes lors de la livraison, Steeve Leblanc, Valmont Arsenault et Luc Leblanc.
« C’est un bateau plus facile à manœuvrer même s’il est plus gros, dit le capitaine Bernard Langford, qui le pilote depuis un an. Mais la base est la même. On l’avait fait modéliser avant de l’acheter. On a travaillé sur un simulateur à Québec pour apprendre à le piloter. »
Le Madeleine II peut accueillir 300 véhicules et 1500 passagers par traversée au lieu de 190 véhicules et 770 passagers pour le Madeleine. Il mesure 139 m de longueur, 15 m de plus que le Madeleine. Il est plus long que son quai de mouillage à Cap-aux-Meules ! Il est aussi plus puissant que le Madeleine. La traversée dure désormais moins de cinq heures, même si le chargement des véhicules et des passagers est plus long, compte tenu de sa plus grande capacité.
L’intérieur du bateau, qui emploie une soixantaine de personnes, est décoré au goût du jour. Les espaces sont lumineux grâce à une généreuse fenestration. Une mezzanine, sur le pont supérieur, donne une vue impressionnante à travers une immense baie vitrée. Quatre salons, deux à l’avant, deux à l’arrière, permettent de se divertir (avec quatre programmes diffusés sur des écrans : sports, actualités, enfants, films) ou de se reposer dans des sièges inclinables.
Il y a 32 cabines privées, chacune avec une salle de bains et 4 lits. Il faut payer 40 $ en plus par cabine. Deux autres, plus grandes, sont destinées aux personnes à mobilité réduite.
Trois espaces de restauration sont offerts. Le Café, où l’on déguste des produits du terroir madelinot (poissons fumés, homard, fromages des Îles). Le Pub, qui propose un « petit menu sur le pouce ». Et le Restaurant, qui offre un menu du jour avec viande et poisson, repas chauds tels que filet de porc sauce au fromage Pied-de-vent ou penne aux fruits de mer, ou des sandwichs et des salades. Un espace de divertissement est réservé aux tout-petits, avec modules de jeux, et un coin permet aux ados de s’amuser avec leurs jeux vidéo. Il y a un magasin de souvenirs et un chenil pour une traversée apaisante pour les chats et les chiens.
Une des améliorations par rapport à l’ancien traversier est l’accès à quatre ponts extérieurs, au lieu de deux, pour profiter de la vue allongé sur une chaise longue ou en sirotant un verre à une table. « L’été dernier, on avait même des musiciens sur une terrasse », dit le capitaine Langford.
Nous avons visité la timonerie et ses équipements de navigation. Tout est électronique : le contrôle des deux moteurs, la consommation de carburant (3000 L par heure), les deux hélices, le système de gouvernail, les radars, les cartes et l’anémomètre pour mesurer la vitesse du vent. On trouve même une statuette de la Vierge Marie dans le poste de commandement !
« C’est la patronne des marins espagnols », dit le capitaine Langford, qui montre des gousses d’ail suspendues au plafond dans les bateaux espagnols pour porter chance. Bernard Langford travaille à la CTMA depuis 1995. On le sent très attaché à son métier, qui n’est pourtant pas sa seule profession. Lorsqu’il ne navigue pas, il élève des bœufs à Havre-aux-Maisons ! « Eh oui, je suis aussi fermier ! », dit-il en riant.
Si l’envie vous prend de profiter de ses talents de navigateur, sachez qu’en haute saison, le départ de Souris est à 14 h. Celui de Cap-aux-Meules est à 8 h. On ne peut pas planifier de prendre le Madeleine II au dernier moment. En tout cas, c’est risqué. La destination des Îles-de-la-Madeleine est encore très prisée cette année. Elle le devient aussi hors saison. À la fin de septembre dernier, le Madeleine II a accueilli 600 passagers en une journée. Pour l’été qui vient, bien des départs sont déjà complets. Pensez donc à réserver vos places dès que possible…
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