Même s’il n’y a pas d’érables aux Îles-de-la-Madeleine, l’automne ne manque pas de couleurs. Des couleurs qui nous viennent d’abord des Madeliniennes et des Madelinots. De leur gentillesse et de leur goût de bavarder. Puis des maisons multicolores, des falaises rougeâtres, des sentiers verdoyants, des plages de sable doré, des promenades en mer. L’automne, la perle du Nord est moins effervescente, mais ça fait vraiment du bien !

C’est toujours le temps d’y aller

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La côte des Îles avec ses falaises de grès rouge

« On n’a pas l’heure aux Îles, on a le temps ! » On l’a entendu souvent, ce dicton madelinot lors de notre séjour. Oui, il est encore temps de se rendre aux Îles-de-la-Madeleine cet automne. C’est une bonne période. Les Madelinots ont plus de temps pour rencontrer les touristes, les relations y sont plus chaleureuses et plus détendues que pendant le tourbillon estival.

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Paysage typique des Îles-de-la-Madeleine

Pour les amateurs de rencontres chaleureuses, les Îles sont un bol d’air frais et de spontanéité. Isolés au cœur du golfe du Saint-Laurent, les courageux et dynamiques Madelinots ont des sourires et de la jasette à revendre. Vous les rencontrez dans la rue, devant un magasin ou dans les sentiers, et ils engagent spontanément la conversation. « C’est-tu votre première visite aux Îles ? » Leur première question est un moyen d’entrer en contact, avant de donner des conseils et, finalement, de parler de tout et de rien. En toute simplicité.

  • Près de l’Échouerie

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    Près de l’Échouerie

  • Les Îles-de-la-Madeleine… un petit paradis

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    Les Îles-de-la-Madeleine… un petit paradis

  • Havre-aux-Maisons

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    Havre-aux-Maisons

  • Vue de la lagune de Havre-aux-Maisons

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    Vue de la lagune de Havre-aux-Maisons

  • La dune du Sud

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    La dune du Sud

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Les Madelinots ont toujours des idées à vous suggérer. Leurs îles sont si vastes que les occupations ne manquent pas. À l’automne, il y a encore suffisamment d’activités pour profiter de la nature, des artistes et des plages, bien sûr… avec un coton ouaté et un coupe-vent ! L’avantage de l’automne, c’est que les plages sont pour vous !

Les coups de cœur de notre séjour

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Il ne fait pas aussi chaud qu’en été, mais, bien couvert, on peut encore profiter du soleil et de l’air marin, sur les plages des Îles.

Sortie en mer

La mer, comme le vent, est omniprésente aux Îles. Elle est partout, sur les visages et dans le cœur des Madelinots. Une excursion en mer avec un chalutier est une véritable immersion dans le quotidien des pêcheurs et des mariculteurs. Notre promenade maritime avec Les Cultures du large, qui distribue ses huîtres dans les grandes villes du Québec, était une expérience fascinante pour comprendre l’élevage des moules et des huîtres en haute mer. Le responsable de l’entreprise, Christian Vigneau, nous a pris en charge sur son bateau Memquit pour aller à la rencontre des cages à huîtres plongées dans les eaux agitées de la lagune de Havre-aux-Maisons. Une promenade d’une heure et demie avec dégustation à la clé de ces bivalves charnus et juteux qu’il laisse croître de trois à cinq ans. Une occasion de découvrir les défis de la mariculture dans une région où l’hiver est coriace et la mer, souvent déchaînée. Récemment, des capteurs de vagues ont enregistré des hauteurs de 8 m !

Consultez le site web des Cultures du large
  • Sortie en mer. Au loin, l’Île d’Entrée.

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    Sortie en mer. Au loin, l’Île d’Entrée.

  • Le havre de Pointe-Basse

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    Le havre de Pointe-Basse

  • Levage d’une cage à huîtres

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    Levage d’une cage à huîtres

  • Dégustation !

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    Dégustation !

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Sentiers et balades

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Belle perspective sur la butte près du havre de Pointe-Basse

Beau temps, mauvais temps, on s’adapte, aux Îles. Et on bouge ! Car le temps change vite dans une journée. Il y a 235 km de sentiers pour s’aérer l’esprit. Et 13 étapes d’un circuit intitulé Sentiers entre Vents et Marées (SEVEM). Structuré en 2017 par des bénévoles, il a rendu la visite pédestre des Îles aussi fluide et pratique que celle du chemin de Compostelle, dont il s’inspire. Parmi les endroits qu’on a adorés, mentionnons la Butte des demoiselles, à La Grave, un belvédère au panorama 360o d’où les femmes de marins venaient jadis guetter le retour de leurs maris. La Butte à Monette, la Butte ronde et le sentier qui monte derrière le Fumoir d’antan, tous trois à Havre-aux-Maisons, offrent aussi de belles perspectives. Aux Îles, chaque colline a été aménagée pour donner de beaux points de vue. Et les balades sur les plages sont toujours revigorantes, comme à l’Anse-aux-Baleiniers, à Fatima, sur l’immense plage de la Dune du Sud, à Havre-aux-Maisons, ou sur celle de Sandy Hook, près de La Grave. Il vous faudra aussi aller admirer le coucher de soleil au phare du Borgot, à l’Étang-du-Nord. C’est splendide !

Consultez le site web des Sentiers entre Vents et Marées
  • L’Île d’Entrée, vue de Cap-aux-Meules, possède le sommet des Îles-de-la-Madeleine avec… 174 m d’altitude.

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    L’Île d’Entrée, vue de Cap-aux-Meules, possède le sommet des Îles-de-la-Madeleine avec… 174 m d’altitude.

  • Promenade au bord de l’eau, près du Château Madelinot

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    Promenade au bord de l’eau, près du Château Madelinot

  • La côte pittoresque des Îles avec ses falaises de grès rouge

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    La côte pittoresque des Îles avec ses falaises de grès rouge

  • Le phare du Borgot, à l’Étang-du-Nord

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    Le phare du Borgot, à l’Étang-du-Nord

  • Les couleurs à Havre-aux-Maisons

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    Les couleurs à Havre-aux-Maisons

  • Le phare du Cap-Alright à, l’Échouerie (Havre-aux-Maisons)

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    Le phare du Cap-Alright à, l’Échouerie (Havre-aux-Maisons)

  • Le phare et le port de l’Anse-à-la-Cabane, à Bassin

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    Le phare et le port de l’Anse-à-la-Cabane, à Bassin

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Le vélo, pour s’évader

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À nous la plage !

Le vélo est agréable aux Îles. Une bande blanche le rend sécuritaire sur les voies principales. Il permet de sentir le vent salin, l’odeur des conifères et les parfums de houblon quand on passe près de la Brasserie À l’abri de la tempête ! Il est pratique et pas éreintant, les côtes étant peu nombreuses aux Îles. Quoique ! En fait, c’est le vent, l’ennemi du cycliste. C’est pourquoi le vélo électrique y est de plus en plus utilisé. Nous en avons fait l’expérience en louant un vélo à pneus surdimensionnés (fatbike) à Éco-vélo des Îles, à l’Étang-du-Nord. Du pur bonheur de rouler dans les chemins et sentiers cyclables, mais surtout sur les plages. Les vélos y sont autorisés, pourvu qu’on respecte les dunes. Quel plaisir de pédaler dans le vent, en frôlant les vagues et les pluviers qui sautillent sur le sable ! Surtout quand il n’y a personne sur la plage du Corfu… et du sable à perte de vue !

Consultez le site web d’Éco-vélo des Îles

Tournée des saveurs

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Les poissons boucanés du Fumoir d’antan

À tout seigneur tout honneur, une tournée des saveurs aux Îles commence par la Fromagerie du Pied-de-Vent, qui produit, depuis 1998, des fromages au lait cru de vaches canadiennes. Notamment son Pied-de-Vent, une pâte semi-ferme affinée en surface, et son Jeune-Coeur, une excellente nouvelle pâte molle. Le circuit se poursuit, toujours à Havre-aux-Maisons, au Barbocheux, où Sylvie Langford, son conjoint, Léonce Arseneau, et son fils, Léon-Charles, font déguster leurs bagosses, des alcools de petits fruits ou… de pissenlits. Un délice en apéritif et une occasion d’entendre le barbocheux (Léonce) raconter ses histoires…

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Les sangliers et marcassins de la ferme Aucoin du sanglier

La visite au Verger Poméloi (sur rendez-vous), une cidrerie-distillerie, est incontournable pour déguster cidres, digestifs et gins. Un passage à la ferme Aucoin des sangliers vaut le détour, notamment en raison de la jasette sympathique du propriétaire, Jeannot Aucoin. Le Fumoir d’antan, à Havre-aux-Maisons, ravira les amateurs de poissons fumés. À Grosse-Île, les huîtres de la baie Old Harry vous seront racontées par l’entrepreneur Alexandre Brazeau. Et pour voir des abeilles dans une surprenante ruche verticale, il faut se rendre à la miellerie Miel en mer, à Havre-aux-Maisons.

Virée des arts

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Les crisseuses, une toile de 48 po x 48 po de Dominic Lefrançois

Les artistes foisonnent aux Îles. En basse saison, il faut souvent prendre rendez-vous pour les rencontrer. Mais au moins, ils auront le temps de vous faire visiter leur atelier. C’est le cas de Patrick Le Blond, artiste de Bassin qui crée de magnifiques céramiques murales, des vases et des sculptures avec des dessins inspirés de la nature et des animaux des Îles. Même chose pour Daniel Renaud, qui sculpte, à Bassin, des œuvres animalières ou abstraites dans l’albâtre. Nous avions remarqué les toiles de Dominic Lefrançois au Château Madelinot. Il nous a montré, chez lui, de grandes acryliques qui s’inspirent de l’histoire et de la réalité sociale des Îles, les pêcheurs, les ouvrières travaillant dans les usines, etc. : « J’essaie de joindre le passé et la modernité avec une touche de pop art », dit l’artiste. Les Îles regorgent aussi de musées et centres d’interprétation, tels que le Musée de la mer, à Havre-Aubert, le Musée des vétérans et le centre d’interprétation des Mines Seleine, tous deux à Grosse-Île.

Consultez le site web des musées et centres d’interprétation des Îles

Les plans gourmands

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Le restaurant Eva, à l’Étang-du-Nord

Pour manger aux Îles, il faut avoir le réflexe de réserver à l’avance. Après, vous êtes partis pour vous régaler, car on y mange très bien. De mieux en mieux, nous a-t-on dit. Nous avons adoré le Resto Bistro Accents, notamment son savoureux filet mignon de loup-marin (phoque), plus tendre que du bœuf, servi saignant comme il se doit et accompagné de maïs, de courgettes et d’asperges. Le chef Hugo Lefrançois nous a enchanté avec ses calamars frits relevés à l’asiatique, ses pétoncles en ceviche et sa chaudrée de fruits de mer. Au Quai 360, l’ambiance décontractée et des plats exquis tels que le risotto au homard sont au menu. Un pur délice.

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Le ceviche de pétoncles d’Hugo Lefrançois au Resto Bistro Accents

Même chose au restaurant Eva, d’Andréanne Cordeau et de Christopher Hayes, à l’Étang-du-Nord. Une cuisine chaleureuse et goûteuse. Belle expérience au restaurant Chez Renard, où les jeunes propriétaires ont opté pour une formule créative proche des tapas. Le serveur vient même s’asseoir avec vous pour présenter les choix de menus. Des petits plats de cuisine rustique, avec des produits locaux comme l’agneau pré-salé. Enfin, belle découverte à l’auberge de La Salicorne avec sa table typique des Îles et son ambiance très sympathique !

À savoir avant de partir

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Même s’il y a moins de touristes l’automne, il faut quand même réserver à l’avance. Le nombre limité d’hôtels et la pénurie de personnel nous obligent à contacter très tôt les entreprises (hébergement, restaurants, location de voitures, activités touristiques, etc.) pour vérifier les heures d’ouverture et les disponibilités. Une fois le voyage planifié, il ne reste qu’à réserver un billet d’avion (Pascan, Air Canada et Pal Airlines font la liaison) ou qu’à y aller en auto en empruntant le Madeleine II, le tout nouveau traversier de CTMA, à Souris (Île-du-Prince-Édouard).

Une partie des frais de ce reportage a été payée par Tourisme les Îles-de-la-Madeleine, qui n’a exercé aucun droit de regard sur le contenu de ce reportage.

Consultez le site web de Traversier CTMA

Trop de touristes aux Îles ?

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Près de l’auberge La Salicorne, à Grande-Entrée

Avec la crise de la COVID-19, les Madelinots ont constaté un intérêt plus marqué pour leurs îles.

La pandémie et la suspension des voyages à l’étranger ont fait que bien des Québécois ont choisi cette destination. En 2019, de mai à octobre, près de 70 000 personnes l’ont visitée, soit près de six fois la population. Une aubaine pour le tourisme, deuxième activité économique locale avec la pêche, qui vient avec son lot de défis.

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François Gaulin et Nathalie Miousse, propriétaires du restaurant Quai 360, à Cap-aux-Meules

57 600

Nombre de visiteurs de juin à septembre 2021 aux Îles-de-la-Madeleine

« Pendant cinq mois, l’été dernier, je n’ai eu que cinq tables de libres et c’est parce que les gens avaient annulé », dit François Gaulin, copropriétaire du restaurant Quai 360.

Depuis le 5 juin, on a été complets matin et soir. C’est la première fois de ma vie que je ne mets pas les pieds à la plage cette année, tellement on était occupés.

Hugo Lefrançois, chef du Resto Bistro Accents

L’affluence touristique a eu des conséquences compte tenu du manque de personnel. « Il m’a manqué cinq cuisiniers », dit Hugo Lefrançois, qui doit former son personnel, car il ne parvient pas à en attirer de l’extérieur. « Quand tu en trouves, on ne peut pas les loger à cause de la pénurie de logements. C’est l’enfer ! Cette année, une centaine de personnes des Îles ne sont pas parvenues à se loger [les logements étant occupés par des touristes] et [plusieurs d’entre elles] ont dû être logées par la Croix-Rouge ! »

« Sur-tourisme » ou manque de main-d’œuvre ?

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Vue sur la mer… vue sur la mer… un continuel ravissement.

Le député péquiste des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, dit craindre le « sur-tourisme » de juillet et d’août, qui donne l’impression à un grand nombre de Madelinots de ne plus se sentir chez eux. « Un peu comme ça se produit en Europe, notamment à Venise », ajoute-t-il.

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Joël Arseneau, député provincial 
des Îles-de-la-Madeleine

Pour le maire des Îles-de-la-Madeleine, Jonathan Lapierre, le problème n’est pas un trop-plein de touristes, mais un manque de main-d’œuvre. « Avec la COVID-19, le nombre de personnes admises dans les restaurants était restreint l’été dernier, dit-il. Il y a eu une impression de sur-tourisme mais ce n’était pas nécessairement la réalité. À cause de la pénurie de main-d’œuvre, les gens se sont rabattus sur les épiceries et les petits casse-croûtes, ce qui a donné cette perception. »

Pour améliorer la situation, les élus et l’Association touristique régionale travaillent donc pour que l’afflux touristique soit mieux réparti durant l’année. Et pour le problème de logements, le maire Lapierre rappelle que les Madelinots ont fait le choix de ne pas développer le secteur hôtelier avec des chaînes étrangères pour ne pas nuire à l’authenticité des Îles, et permettre plutôt aux gens de louer leur maison aux touristes.

« On a eu des problèmes l’été dernier, mais la municipalité a donné deux arénas à des promoteurs privés afin d’être convertis en logements, et on a mis 1 million pour de nouvelles constructions, dit le maire. Mais ça ne peut pas se régler en un an. On doit regarder le problème avec soin, car on dépend du tourisme. C’est 100 millions dans notre économie locale, à égalité avec la pêche. On a bâti l’industrie touristique des Îles sur la réputation des Madelinots et de la destination. Il faut donc y aller avec modération. »

Consultez le site web de Tourisme les Îles-de-la-Madeleine