« Avec la COVID-19, on n’a pas eu le choix de voyager chez nous. Mais justement, il ressemble à quoi, notre territoire ? Eh bien, quand on regarde une carte du Québec, je pense qu’il n’y a rien qui rend plus fiers que dire qu’on s’est rendus jusque-là ! »

Pour Catherine David et l’équipe de tournage de Nomades à moto, « jusque-là » veut dire tout au bout de la Transtaïga, aux abords du réservoir de Caniapiscau, l’endroit accessible par la route le plus reculé de la province. Mais l’idée de la série, qui sera diffusée au printemps 2022 à Historia, est non seulement d’aller au bout de la route, mais également de découvrir ce qui se trouve en chemin. « On veut prendre le temps de s’arrêter, justement parce que la route de la Baie-James et la Transtaïga sont des routes qui se sont développées étape par étape », nous explique l’animateur Charles-Édouard Carrier, qui partagera la route avec deux autres passionnés de moto, Marie-Claude Boudreau et Pascal Bélisle. « On veut visiter chacun de ces points charnières qui ont marqué une nouvelle étape dans le développement du Nord. En fait, c’est un hommage à la fois aux bâtisseurs et à notre histoire. »

Au moment d’écrire ces lignes, l’équipe s’apprêtait à prendre la route pour un périple de 3520 km qui devait lui permettre de mettre en lumière certains pans de notre histoire qui nous sont aujourd’hui à peu près inconnus. « On va aller dormir dans un camp minier tout près de l’ancienne mine Selbaie. On va aussi passer dans le village fantôme de Joutel, nous apprend Charles-Édouard Carrier. Et on accède à ces sites par le chemin des Conquérants, une route qui est partie d’un grand rêve qui voulait que ce soit la porte du Nord. Mais le problème est qu’ils l’ont faite 200 km trop loin ; la route de la Baie-James part finalement de Matagami. Il y a tout de même à Villebois une grande arche sur laquelle il est écrit “Porte de la Baie-James”, mais plus personne ne passe par là… »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

La série Nomades à moto, qui sera diffusée à Historia au printemps 2022, suit les passionnés Marie-Claude Boudreau, Charles-Édouard Carrier et Pascal Bélisle jusqu’au bout de la Transtaïga en passant par un tronçon du tout nouveau sentier Trans-Québec, une boucle hors route de près de 5600 km qui passe un peu partout dans la province.

Au début, on voulait aller au Labrador, mais on a dû revoir notre plan à cause de la COVID-19. Mais je me suis rendu compte que loin, ça veut aussi dire au Québec. En fait, ce nouveau trajet nous amène encore plus loin que l’on aurait été si on avait roulé vers le Labrador.

Charles-Édouard Carrier

« C’est un vrai voyage que l’on fait, comme si tu partais avec tes chums, ajoute de son côté Catherine David. Par exemple, quand tu arrives à Radisson, tu te dois d’aller voir LG2. On va aussi bien sûr arrêter dans les beaux belvédères croisés en chemin, tout comme on va aller jusqu’à Longue-Pointe pour se tremper les pieds dans la baie d’Hudson. »

Sentier Trans-Québec

L’itinéraire de Nomades à moto a aussi la particularité de passer directement des Laurentides au Témiscamingue, deux régions qui ne sont pourtant pas reliées par le réseau routier. C’est donc en empruntant une portion du tout nouveau sentier Trans-Québec que les motards ont pu rejoindre la route 391 à Béarn, avant de mettre les gaz plein nord. « J’imaginais vraiment la TQT [Trans-Québec Trail] comme quelque chose de très hors route, puis en discutant avec les instigateurs du projet, on se rend compte que leur souci était qu’un véhicule à quatre roues puisse passer, soutient Charles-Édouard Carrier. Ce n’est donc pas seulement fait pour les motos ; on peut s’y rendre avec un 4 x 4 ou même une caravane portée. »

PHOTO ÉTIENNE RANGER, LE DROIT

Marc Chartrand a commencé à travailler à l’automne 2019 sur le projet de sentier Trans-Québec Trail, à l’image de routes semblables développées au Canada et aux États-Unis.

Information corroborée par Marc Chartrand, qui a commencé à mettre sur pied le projet du sentier Trans-Québec à l’automne 2019. « On a voulu élargir la clientèle, car je voyais l’intérêt touristique d’aller dans des endroits comme Parent ou dans de nombreuses pourvoiries inaccessibles par les chemins pavés, explique le motocycliste chevronné. Il y a certainement une occasion de développer un tourisme différent avec ça. On veut d’ailleurs approcher les associations touristiques régionales, qu’elles soient dans le coup. La TQT est la colonne vertébrale, mais on veut que les associations touristiques régionales nous proposent d’autres circuits et d’autres boucles qui pourront se greffer au circuit original. On a actuellement 5600 km, mais on estime que ça va doubler dès l’an prochain et probablement tripler avant longtemps. »

Je me suis amusé à étirer le sentier Trans-Québec et je me suis aperçu que 5600 km, c’est de Gaspé à Tijuana, au Mexique. Ça donne une idée de la longueur du sentier TQT.

Marc Chartrand, instigateur du sentier Trans-Québec

L’itinéraire du sentier Trans-Québec et ses attraits régionaux (points de vue, sentiers pédestres, restaurants, hébergement, etc.) sont dès maintenant accessibles sur une application Android, et la version iOS suivra avant l’hiver — à temps pour profiter du raccordement du sentier Trans-Québec au réseau américain des Backcountry Discovery Routes, à Chartierville, dans les Cantons-de-l’Est. Nullement exclusive aux motocyclistes, elle est aussi offerte aux adeptes de vélo et aux amateurs de camping sauvage : « Les communautés d’overlanders [expéditionnistes] et de gravel bike [vélo de route tout-terrain] sont dans le coup, affirme Marc Chartrand. Que ce soit sur le plan de notre intérêt pour le camping, le voyage et l’aventure en forêt, on est tout à fait semblables. »

Téléchargez l’application Trans Quebec Trail