Saint-Denis-de-la-Bouteillerie est une petite bourgade du Bas-Saint-Laurent d’environ 500 âmes située à quelques minutes en voiture de Kamouraska. Au cœur du village, une église perchée sur une petite colline semble veiller sur lui. Lorsque le dernier prêtre a quitté son office, un groupe de résidants s’est uni pour transformer le presbytère adjacent en gîte champêtre et café. Ou quand l’effort collectif porte ses fruits.
Tout a commencé en 2014, alors que le curé qui officiait à l’église de Saint-Denis-de-la-Bouteillerie depuis 25 ans, l’abbé Jean-Baptiste Ouellet, a dû se retirer et quitter le presbytère adjacent, où il résidait.
Inoccupé depuis, l’endroit devait se trouver une nouvelle vocation. C’est ici qu’arrivent dans l’histoire Jean Desjardins et Sophie Gendron, qui s’étaient joints au Conseil de fabrique, qui administre, dans une paroisse catholique, tout ce qui concerne l’entretien des édifices religieux et du mobilier de la paroisse… dont le presbytère, dans le cas qui nous intéresse.
« Le plan facile était de mettre en vente, mais on s’est questionnés à savoir si on ne pouvait pas faire autre chose, dit Mme Gendron. Nous avons donc formé un petit comité d’études pour explorer les possibilités. »
L’idée était de trouver un projet porteur et intéressant, soit, mais aussi lucratif, afin d’assurer l’entretien de la bâtisse, entre autres choses. Et c’est ainsi que l’idée de faire de ce presbytère, bâti en 1895, un gîte est née.
À cela s’est ajouté en cours de route un café, afin que les gens du village, et non seulement ceux de passage, puissent profiter du site. « On voulait créer un endroit rassembleur, ouvert à la communauté », précise la femme, agricultrice de profession. D’autant plus, ajoute-t-elle, que le dépanneur du village a fermé récemment. Les gens avaient l’habitude de s’y arrêter pour « jaser ».
Un lieu historique à préserver
En 2018, un OSBL nommé La Corporation pour le maintien des lieux historiques de Saint-Denis a été formé par Mme Gendron, M. Desjardins ainsi que quelques autres citoyens engagés, dont une notaire, qui forment le conseil d’administration.
« Le presbytère est en plein cœur d’un site historique. On voulait éviter que ça tombe dans les mains du privé. Que l’endroit reste dans la communauté », explique M. Desjardins, ingénieur de formation et natif de Saint-Denis, qui a même été maire du village à une époque, nous pointant, juste devant, la Maison Chapais et ses jardins, un lieu historique national construit en 1833, et reconnu immeuble patrimonial, aujourd’hui devenu musée.
Un plan d’affaires a été monté, et de longues recherches pour trouver du financement se sont enclenchées. Mais amasser les sous nécessaires à la réalisation du projet, notamment pour des rénovations majeures, s’est révélé ardu. À quelques reprises, le projet a bien failli tomber à l’eau, mais les citoyens impliqués ont relevé leurs manches. Jusqu’à ce qu’un financement espéré soit refusé. Ça sentait la fin, mais il y avait un dernier espoir : émettre des obligations communautaires pour aller chercher l’argent manquant.
Les obligations communautaires fonctionnent un peu de la même manière que des obligations émises par une entreprise, dit M. Desjardins, à la différence que ce sont des citoyens qui acceptent d’investir leurs dollars. Les obligations sont, en théorie, remboursables après cinq ans. En investissant dans ce projet prometteur, mais dont le succès n’est pas garanti, les citoyens savent qu’ils prennent un risque. Malgré tout, 25 obligations vendues à 500 $ ont trouvé preneur, permettant de boucler le financement. Un véritable effort communautaire !
Et ça ne faisait que commencer : de nombreux citoyens se sont impliqués bénévolement dans la réalisation du projet, prêtant main-forte aux rénovations. En arrachant du vieux prélart ou en peinturant, par exemple. D’autres ont gracieusement fourni du mobilier — dont certaines pièces vraiment magnifiques — pour les espaces communs (salon, salle de réunion, salle à manger) et les cinq chambres.
C’est finalement fin novembre que la Maison de Jean-Baptiste, nommée en l’honneur de l’abbé, a pu commencer ses activités et ouvrir son café, où l’on sert, du vendredi au dimanche, des boissons chaudes et froides, des viennoiseries et un petit menu du jour composé de soupes, salades et sandwiches. Avantageusement situé tout près de la route 132, l’endroit est identifié sur la carte de la Route verte, en faisant un arrêt de choix pour les cyclistes de passage.
« Tout ce qui reste, maintenant, c’est de se faire connaître. On n’est pas encore complet cet été ! », lance Mme Gendron. À bon entendeur…
Le coût des nuitées avec déjeuner inclus pour la haute saison va de 120 $ à 135 $.
Consultez le site de la Maison de Jean-BaptisteÀ découvrir à Saint-Denis-de-la-Bouteillerie
À Saint-Denis, on est loin de l’animation touristique effrénée que connaît le village de Kamouraska durant la période estivale. Le village plaira à ceux qui recherchent du calme et veulent profiter d’une nature paisible. En plus de la Maison Chapais, qui offre des visites guidées, on peut également emprunter la route de la Grève et y découvrir, en passant, le belvédère du parc Bellevue qui offre une vue panoramique sur le fleuve.
Plus loin, on atteint le bord du fleuve où se trouve une petite agglomération de chalets et de maisons d’été, un secteur très charmant du village. On en profite pour visiter la Chapelle de la Grève où, malgré la situation sanitaire, quelques activités d’animation devraient avoir lieu cet été. On peut aussi prendre une pause à la Halte de la Chapelle, où sont installées des tables de pique-nique, ou s’arrêter au parc de la Halte Bleue pour se remplir les poumons d’air salin…