La frontière avec les États-Unis est toujours fermée. Mais pour se sentir comme à Burlington ou dans un village de la Nouvelle-Angleterre, il suffit de se rendre à Hudson, à seulement 15 minutes de l’île de Montréal. De nombreux restaurants et commerces s’y trouvent. Le chef Danny Smiles a même pris les commandes de la cuisine de la superbe auberge Willow Inn. Tour des lieux, où l’on peut même se rendre en train.

(Hudson) Hudson ne s’est pas laissé abattre par la pandémie. On peut même dire que la petite ville anglophone nichée aux abords du lac des Deux Montagnes est en pleine ébullition.

On le constate quand on visite le site Hudson à Table. Un bar à cocktails va ouvrir sous peu. Une néo-taverne aussi. Le chef Danny Smiles vient de prendre les commandes du restaurant de l’auberge Willow’s Inn. La nouvelle microbrasserie Cardinal a enfin pu ouvrir son tap room…

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Lisez l’article « Quoi faire, mais surtout quoi manger et boire à Hudson ? »

Même un hôtel-boutique est en construction, nous apprennent Andrew Dumas et Tino Morganti, de l’Hudson Hospitality Association (HHA).

Les deux hommes sont respectivement président et vice-président de l’association qui réunit une quinzaine de commerces. C’est par un superbe jeudi ensoleillé de juin qu’ils nous attendent au casse-croûte Chez Sauvé — véritable institution d’Hudson qu’Andrew Dumas a achetée en 2019. Pour sa part, Tino Morganti est le chef-propriétaire de Main Kitchen. Il y a un comptoir-épicerie en marge de son restaurant. Pendant la pandémie, il a aussi ouvert derrière l’immeuble qu’il occupe ce qu’il appelle « un food truck sans les roues », le Main Alley.

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Le casse-croûte Chez Sauvé est une véritable institution d’Hudson.

Tino Morganti, qui a le même tatouage que son idole Anthony Bourdain, ouvrira aussi sous peu une néo-taverne. Parmi les établissements qui ont ouvert pendant la pandémie, il y a la microbrasserie Cardinal.

Le secret de son charme

Chaque fois que nous mettons les pieds à Hudson, nous sommes sous le charme, et dépaysés. Pourquoi le petit centre-ville – où tout se fait à pied – a-t-il autant de cachet ? « Une loi fait en sorte qu’il ne peut pas y avoir de franchise sauf pour les épiceries et les pharmacies », explique Andrew Dumas. C’est donc chez Mikko ou chez Juniper que les gens prennent leur café (et non dans un Tim Hortons). Les commerces indépendants font loi.

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Le Main Alley, « un food truck sans les roues », derrière le Main Kitchen

Et pourquoi tant de commerces ouvrent-ils ? « En raison des jeunes », dit Andrew Dumas, qui vit à Hudson depuis 1999. De jeunes familles s’installent à Hudson, ce qui amène un nouveau souffle à la ville. « Je le vois que la clientèle change », dit Tino Morganti, qui a œuvré dans de nombreux restaurants de Montréal, dont le Buonanotte, puis qui a travaillé au Château Vaudreuil avant de s’établir Hudson avec sa femme.

Des condos sont par ailleurs en construction (notamment près de la plage municipale), ce qui déplaît à certains « Hudsonites », mais ce qui permet à des jeunes d’accéder à la propriété, car les maisons à vendre sont rares et chères, souligne Andrew Dumas. Selon lui, la population passera graduellement de 5000 à 8000 personnes.

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Andrew Dumas et Sheena Purcell sont propriétaires du populaire casse-croûte Chez Sauvé, qui nous transporte dans une autre époque.

Esprit de vacances

Autre point attrayant de Hudson : on s’y sent en vacances. Nous sommes à 10 minutes du pont de l’Île-aux-Tourtes et à 5 minutes de Vaudreuil, mais nous n’avons aucunement l’impression d’être en banlieue. Bien au contraire. Le petit centre-ville peut rappeler celui d’Ogunquit ou même celui de Lake Placid. Le marché aux puces Finnegan attire par ailleurs les foules depuis plus de 45 ans (mais il est fermé temporairement avec la pandémie), alors que le traversier Oka-Hudson est prisé des cyclistes.

La HHA veut faire d’Hudson une « ville-destination », indique Tino Morganti. Andrew Dumas et lui songent aussi à vendre des forfaits à la carte pour un week-end. « Il y a du golf, un théâtre, du yoga, la plage… »

Ils espèrent qu’un jour, le train de banlieue se rendra à Hudson le matin, notamment lors des week-ends. Sinon, il faut savoir que l’autobus 21 relie la petite ville et la gare de Vaudreuil-Dorion.

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Le théâtre d’Hudson est dans la gare du train.

La communauté d’Hudson est tissée serré. Les commerces savent qu’ils doivent être nombreux pour devenir une destination. « On fait chacun nos trucs, mais on travaille tous ensemble », dit Shaun Hughes, chef-propriétaire du Furley. « On s’entraide pour promouvoir Hudson comme une marque. »

Manque d’hébergement

Hudson est une destination idéale pour un road trip d’un jour ou pour une escapade d’un week-end. Or, à part l’auberge Willow’s Inn, qui compte 10 chambres, les options d’hébergement sont très limitées.

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Servane Barrau, née en France, et son mari, James Campbell, originaire d’Hudson, construisent un nouvel hôtel.

Servane Barrau et son mari, James Campbell, sont les gens d’affaires d’Hudson derrière le projet d’hôtel-boutique qui sera situé juste devant la gare. « Un projet un peu fou. Un hôtel sur un terrain fabuleusement situé », indique Servane Barrau.

Le concept ? Seulement sept chambres. Un restaurant de cuisine française juste pour les clients. « C’est donc presque un club privé. »

À l’intérieur, le décor sera « victorien et vintage avec des touches françaises ». « Il y aura un thème par chambre. »

Servane Barrau est née en France, alors que son mari, James, a grandi à Hudson. Le couple a trois enfants et il adore sa qualité de vie. « Hudson, c’est une ville dans la ville, souligne Servane Barrau. Les Hudsonites sont attachés à Hudson. Ils font leurs courses ici, ils sortent et vivent ici. » « Hudson, c’est un monde à part avec un cachet qu’on ne retrouve plus ailleurs », lance-t-elle.