L'attentat contre le musée du Bardo à Tunis, où ont été tués 17 touristes étrangers, est un coup très dur pour le tourisme tunisien qui fait vivre 10% de la population du pays et était déjà en crise profonde depuis la révolution de 2011.

«Ce n'est pas bon pour le tourisme mais pas bon non plus pour la Tunisie, son économie et l'esprit de liberté qui semblait émerger. Cela ne fait aucun doute que cela ne peut pas arranger les choses, malheureusement», d'un point de vue touristique, a commenté à l'AFP Jean-Pierre Mas, président du Syndicat national des agences de voyage (Snav).

En outre, «cela pourrait peut-être faire tache d'huile sur d'autres pays musulmans», a-t-il estimé.

M. Mas a indiqué être «en contact étroit avec le ministère des Affaires étrangères. Il n'y a pas d'affolement de leur part, il n'y a pas d'affolement de notre part. Nous ne pouvons que recommander aux voyageurs qui sont à Tunis beaucoup de prudence», a-t-il déclaré.

Dix-neuf personnes, dont 17 touristes polonais, italiens, allemands et espagnols ont été tués lors d'une attaque par des hommes armés contre le musée du Bardo à Tunis. 38 personnes ont également été blessées, notamment des ressortissants de France, d'Afrique du Sud, de Pologne, d'Italie et du Japon.

Le tourisme est un des principaux moteurs de l'économie du pays, où il génère 7% du PIB, selon l'office de tourisme tunisien. Il fait aussi vivre un dixième de la population (400 000 emplois directs), générant entre 18 et 20% des recettes en devise par an.

Essentiellement familial ou de groupes, le tourisme «a un effet d'entraînement sur une grande partie des secteurs économiques: commerce, transports, artisanat, communications, agriculture et bâtiment», selon l'office de tourisme.

Malgré la renommée de stations balnéaires comme Hamamet ou Sfax, d'une île comme Djerba, et de villes au riche patrimoine historique (Kairouan, Nabeul, Sousse), le secteur est très affecté depuis la révolution qui a renversé le président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011.

En 2014, le nombre de touristes venus en Tunisie a enregistré une baisse de 3,2%, passant de 6,27 à 6,07 millions en un an, selon des chiffres communiqués le 22 janvier par le ministère tunisien du Tourisme. En 2010, la Tunisie recevait encore près de 7 millions de touristes étrangers, dont 1,4 million de Français.

Effet boule de neige 

Le 22 janvier, le pays avait fait état d'une «reprise» des séjours de la part de touristes allemands, italiens et britanniques, mais d'un repli en provenance de pays comme la France, la Russie ou encore la Scandinavie.

La ministre du Tourisme, Amel Karboul, avait à l'époque notamment relevé que des touristes français avaient annulé leurs réservations à la suite de l'attentat contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo à Paris début janvier.

«Il est clair que cela ne va pas favoriser le redémarrage» des départs des touristes français vers la Tunisie, a résumé à l'AFP Marianne Chandernagor, présidente du Salon mondial du tourisme qui ouvre ses portes jeudi (jusqu'à dimanche) à Paris, et où la Tunisie va maintenir son stand malgré l'attaque, a-t-elle indiqué.

«En Tunisie, la clientèle française depuis les révolutions arabes a été divisée par deux», souligne-t-elle, ce pays étant pénalisé comme les autres pays de l'Afrique du Nord par «une vraie réserve et un attentisme des voyageurs français», en raison de «l'effet boule de neige des (précédents) attentats et des révolutions arabes».

Aucune information n'était immédiatement disponible en termes d'impact potentiel, à court et moyen terme, sur des annulations de réservations touristiques en Tunisie.

Contacté par l'AFP, le groupe TUI France a indiqué n'avoir actuellement aucun client présent à Tunis, mais a annulé toutes les prochaines excursions prévues pour les 437 touristes présents dans le club Marmara de Djerba.

En septembre, l'assassinat du Français Hervé Gourdel en Algérie avait fortement pesé sur l'activité des hôtels du Maroc, de Tunisie et d'Algérie.